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Suite à notre mail du 23 mars dernier, nous avons reçu plusieurs réponses.
Vous trouverez ci-après l'intégralité des échanges :
- Convention collective cinéma
- SRF
Suite à notre mail du 23 mars dernier, nous avons reçu plusieurs réponses.
Vous trouverez ci-après l'intégralité des échanges :
Fausse route
Nous venons de prendre connaissance de la “requête en intervention volontaire“ déposée par la Société des Réalisateurs de Films (SRF) devant le Conseil d’État, en soutien de celle déposée par la CFDT, demandant l'annulation de l'arrêté du 1er juillet 2013 par lequel le ministre du Travail a étendu la toute nouvelle convention collective du cinéma.
Nous voulons dire à celles et ceux qui font les films à nos côtés, nos fidèles équipiers, techniciens, comédiens et ouvriers, que nous ne nous sentons en aucune manière solidaires de cette triste initiative.
Rappelons que cette convention est un compromis résultant de sept années de négociation et qu’elle fut finalement signée par l’ensemble des organisations syndicales, à l’exception de la CFDT, et par tous les syndicats de producteurs le 8 octobre 2013 sous l’égide du Centre National de la Cinématographie.
C’est à la demande pressante des producteurs et des nouveaux élus de la SRF que les films de fiction dont le budget est inférieur à 1,22 M€ ont été sortis du champ d’application de la nouvelle convention collective. Et ce sont ces mêmes films – notoirement sous exposés et sous financés – qui deviennent aujourd’hui le prétexte d’une remise en cause globale de la même Convention. Quelle ironie !
C’est tous unis que nous devrions nous battre pour que tous les films, sans exception, soient correctement exposés et financés.
C’est dans “l’esprit de mai“ que la SRF s’est crée en 1968. Un esprit de liberté, de lutte, de solidarité et d’ouverture. Où, dans le cinéma comme dans le reste du monde, chacun à sa place participe d’une même conquête, pour plus de justice et plus de liberté, dans le travail comme dans la vie. Où les droits des créateurs ne sont pas opposables au droit du travail. C’est à cette tradition là que nous restons fidèles.
Mesdames et Messieurs du conseil d’administration de la SRF, vous faites fausse route.
Premiers signataires : Michel Andrieu, Stéphane Arnoux, Alima Arouali, Myriam Aziza, Luc Beraud, Bernard Blancan, Dominique Cabrera, Pascal Cling, Jacques Deschamps, Pascal Deux, Jean-Pierre Duret, Nadia El Fani, Anne Galland, Marine Franssen, Fabrice Genestal, Pierre William Glenn, Eric Guirado, Alain Guiraudie, Jean Lassave, Luc Leclerc du Sablon, Jacques Maillot, Mariana Otero, Gilles Perret, Gilles Porte, Olivier Pousset, Stéphane Ragot, Chantal Richard, Christian Rouaud, Arnaud Soulier, Jean-Pierre Thorn, Philippe Van Leeuw, Vanina Vignal...
- Réponse de Yann Gonzalez à Fausse Route :
26 mars 2014
Bonjour à tous,
Je ne comprends pas votre message ni votre attitude. A quoi rime cette tournure démagogique : "nos fidèles équipiers, techniciens, etc." ? Vous insinuez donc que, contrairement à vous, nous n'avons aucun respect pour les gens qui nous accompagnent et qui travaillent à nos côtés ? Je fais partie de ces réalisateurs qui ont tourné leur premier long métrage avec un budget de moins d'1,2 d'Euros. Sans les efforts de toute notre équipe (productrice, comédiens et moi compris), ce film n'aurait jamais vu le jour. Quand vous écrivez que nos films sont "notoirement sous exposés et sous financés", cela me blesse et me choque, car vous semblez sous-entendre que de tels films, puisqu'il n'ont pas trouvé complètement leur place sur le marché, ne devraient tout simplement pas exister.
Malgré les difficultés, mon tournage fut une expérience magnifique, joyeuse, solaire. J'ai travaillé avec beaucoup de gens de mon âge, des techniciens de 30 / 35 ans qui se sont retrouvés pour la première fois chefs de poste et pour qui ce film a été l'opportunité de démontrer leur talent, leur personnalité. Mais c'est moi le premier qui sait ce que je leur dois : tout ! Et j'ose espérer que mon prochain long sera bien mieux financé afin que leur travail soit enfin rémunéré à sa juste valeur.
J'aimerais penser, comme vous, que nous réussirons un jour à rééquilibrer le financement des films français. Et que les dizaines de longs métrages fragiles aujourd'hui deviendront plus forts demain. Je suis prêt à me battre pour cela, et je suis d'accord avec vous sur ce point : plus nous serons soudés, plus nous serons efficaces. Mais ne rêvons pas : pensez-vous sincèrement que France 2 ou Canal Plus vont investir davantage sur des premiers ou deuxièmes films qui ne rentrent pas dans leurs "cases" alors que leurs critères se durcissent davantage chaque année ? Croyez-vous que notre gouvernement si peu audacieux en terme de culture va tout à coup renverser la vapeur ? Et quelles solutions concrètes proposez-vous pour que l'on sorte de cette impasse ? Soyons malgré tout optimistes et imaginons que dans quelques années, nous parvenions à imposer, tous ensemble, des mesures pour mieux soutenir les projets les plus démunis : combien de ces films seront sacrifiés dans l'intervalle ? Je ne peux me résoudre à ce qu'un seul de mes camarades ne puisse pas réaliser son film parce que la convention collective aura été appliquée.
Alain Guiraudie, je m'adresse à toi car tu es le seul que je connais personnellement dans cette liste et tu sais combien j'admire ton travail : est-ce que tu serais signataire aujourd'hui si tu n'avais pas encore tourné ton premier long métrage ? Tu es désormais en position de force avec le beau succès de "L'inconnu du lac", mais pense un peu à la génération suivante, à ceux qui n'ont pas encore pris leur envol et qui ne le prendront peut-être jamais parce que la convention sera appliquée à l'ensemble des productions françaises...
J'ai l'impression qu'en vous opposant à la démarche de la SRF, vous cautionnez tous la mise à mort d'une génération de cinéastes français. Une génération encore peu visible, occupée à à tourner des courts métrages ou à imaginer un premier long. Une génération pleine d'ardeur, de désirs, de rêves singuliers et irremplaçables. Ne pensez-vous pas que notre cinéma est déjà suffisamment conformiste ? Et que la vitalité de ces premiers films fragiles participe aussi de cette diversité à laquelle nous tenons tous ?
Nous ne souhaitons faire la guerre à personne. Mais est-ce vraiment votre cas ?
Bien respectueusement,
Yann Gonzalez (scénariste, réalisateur)
- Réponse de Sam Karmann à Fausse Route :
27 mars 2014
Bonjour,
Suite au texte "Fausse route" envoyée par un collectif "cine.infos2013" je me permets d'adresser au CA de la SRF la réponse que j'ai faite, dans un premier temps de façon personnelle, à plusieurs signataires que je connais et apprécie. Pour des raisons que vous comprendrez je livre ici ma réponse en supprimant leurs noms.
Cher X, cher Y...
Non je ne signerai pas ce texte et je vous dirai même que ce texte me rend triste quand je vois vos noms en bas de liste des signataires, en raison de l'affection et de l'admiration que j'ai pour vous et votre travail.
Car même si sur ce dossier nous ne partageons pas le même point de vue, je ne comprends pas les raisons qui vous ont poussés à co-signer ce texte.
Dans cette période ô combien difficile pour nous tous, cette "Fausse Route" est plus qu'une simple réponse à une action qui réunit plus de 350 réalisateurs.
C'est un manifeste de division qui nous affaiblit collectivement un peu plus, alors que nous devrions tous amoureux de nos métiers, comme nous entremêlons nos divers talents, être unis pour constater que cette Convention est non seulement hypocrite, mais nocive. Et qu'il n'y a qu'une façon de la corriger: la requête auprès du Conseil d'Etat pour vice de procédure.
J'ai rejoins la SRF il y a moins d'un an, ce fameux jour que d'aucun ont appelé "putsch". J'ai donc chercher à comprendre les enjeux. Je me suis documenté, j'ai questionné, j'ai appris du fonctionnement des uns et des autres, j'ai assisté à nombre de réunions. Je voulais me faire une opinion sur cet accord, persuadé qu'une convention collective était indispensable tant les abus salariaux sur les équipes (techniques et artistiques puisque j'ai la chance de connaître les deux aspects) et les sous-financements sont patents.
Cette opinion est maintenant claire: cette convention collective en plus d'avoir été signée dans des conditions discutables en droit (l'objet de ce recours, j'y reviendrai) est mauvaise pour nous tous.
Ce n'est pas encore une fois parce que le constat est juste que cette convention permet à notre profession de reprendre des forces, bien au contraire.
Tous les retours des réalisateurs (jeunes ou vieux) en tournage depuis le 1er octobre dernier sont unanimes: quelque chose s'est crispé, s'est tendu depuis que cette convention est appliquée.
Elle n'a réussi qu'à opposer, isoler même, les réalisateurs de leurs équipes, ce qui est la pire chose qui soit, quand on connaît l'indispensable cohésion d'une équipe pour faire un film.
Les producteurs font le dos rond -tant qu'il y aura un dir de prod et un 1er ass pour les remplacer- et entrer dans le champ (parfois même pendant le plan) pour dire d'un air contrit: "Désolé mais il est 18h et on ne peut pas aller plus loin aujourd'hui" comme à la grande époque de la SFP (que tu as connue, X) quand le groupman débranchait le câble... Le cinéma à l'heure de la télé.
Revenons sur le fond de ce texte:
"Rappelons que cette convention est un compromis résultant de sept années
de négociation et qu’elle fut finalement signée par l’ensemble des
organisations syndicales, à l’exception de la CFDT, et par tous les
syndicats de producteurs le 8 octobre 2013 sous l’égide du Centre National
de la Cinématographie"
FAUX: cette convention n'a été signée côté producteurs que par l'API (moins de 5% des films produits bien qu'absorbant 60% du financement), les autres syndicats, ceux des producteurs indépendants ayant fait (je vous l'accorde) la sourde oreille, préférant la politique de la chaise vide. Ce n'est pas parce que certains manquent de courage, que d'autres doivent passer en force, ou plutôt en douce.
Donc NON, cette convention n'a pas été signée par l’ensemble des organisations syndicales. Tout l'objet du recours est là.
"C’est à la demande pressante des producteurs et des nouveaux élus de la
SRF que les films de fiction dont le budget est inférieur à 1,22 M€ ont
été sortis du champ d’application de la nouvelle convention collective. Et
ce sont ces mêmes films – notoirement sous exposés et sous financés – qui
deviennent aujourd’hui le prétexte d’une remise en cause globale de la
même Convention. Quelle ironie !"
L'ironie c'est de laisser penser que d'avoir laissé les films inférieurs à 1,22M€ hors du champ de la convention suffisait pour justifier la-dite convention!!
Alors qu'on sait que c'est dorénavant une fuite en avant des producteurs d'entraîner les réalisateurs dans des budgets inférieurs à 3,6M€ pour en limiter les effets, avec les conséquences artistiques que ça entraîne. Le choix devient simple: faire des films "du marché" (travailler avec Dany Boon, sans aucun mépris) dans la convention, ou faire des films "considérés comme hors marché" (les nôtres le plus souvent, ceux qui rêvent de faire 500.000 entrées) et qui seront plafonnés à 3,6M€. Sans séquence de nuit bien entendu. Ou alors tourner impérativement l'hiver. A l'époque où le numérique nous permet justement de faire des images exceptionnelles dans la plus grande légèreté technique, cette convention l'en empêche.
Nous allons donc tous écrire des scenarii qui se passent le jour, entre avril et octobre.
L'autre réalité est que (les exemples sont nombreux) les techniciens sont obligés de signer des décharges auprès du dir de prod.
Exemple: 4 semaines de prépa pour une chef costumière alors qu'on sait bien qu'elle en a besoin de 6 minimum. Mais à 3,6M€ de budget total, t'as pas le choix.
Obligée de signer comme quoi elle ne travaille que 4 semaines... de 39 heures bien sûr. Quelle hypocrisie. Alors que bien sûr elle travaille 8 semaines (sans compter son travail préalable de recherche etc) à 60 plutôt qu'à 39 heures/semaine. Mais que se passera-t-il si, épuisée à la fin de la semaine, elle a un accident de voiture avec ses costumes dans le coffre...?
Le dir de prod lui sortira sa décharge. Circulez.
En prépa, chacun est obligé de tricher sur le nombre d'heures travaillées, à tous les postes. Les exemples sont pléthore.
Cette convention n'a pas tenu compte de la spécificité dans bien des endroits. Qu'on protège les ouvriers et les techniciens, bien sûr. Mais il faudrait aussi séparer les différentes étapes: préparation, tournage, post-production, on sait bien que ces étapes ne requièrent pas les mêmes besoins en terme d'horaires, de coût, de grilles..
Encore une fois, je ne tiens pas à refaire le débat avec vous sur cette convention, mais notons qu'après 6 mois d'existence, nous somme déjà à -25% de films en tournage par rapport à l'an dernier sur la même période. C'est un fait.
"C’est tous unis que nous devrions nous battre pour que tous les films, sans
exception, soient correctement exposés et financés."
Voeux pieu. Mais la réalité est qu'il faut entendre à travers cette phrase ce qu'elle veut dire: soit tu finances ton film correctement et tu appliques la convention, soit tu ne fais pas ton film. Et là je vois les producteurs-distributeurs des groupes (API) se frotter les mains: "Moins de ces petits films qui encombrent nos écrans et nous empêchent de surexploiter nos gros en multi-écrans"...
Pour conclure, cette convention n'est une victoire pour personne, il n'y a de bonne convention collective que celle qui réunit tous les participants de la chaîne d'un film.
Celle-ci les divise et place le réalisateur, autre ironie, celui qui rêve et entraîne une équipe, dans le rôle du casseur des droits sociaux, avec ses heures de nuit et ses heures sup.
Il faudra tôt ou tard revenir sur ce texte, et à ce jour, le seul moyen était de l'attaquer pour vice de forme, car vice de forme il y a eu.
Et que c'est la seule méthode (si le Conseil d'Etat donne raison à cette demande) pour réouvrir le débat.
Pour conclure, je ne sais qui de la SRF ou de ce collectif fait fausse route, ce dont je suis certain, c'est que cette lettre va diviser un peu plus, le contraire de ce dont nous avons besoin.
Je vous embrasse bien plus que confraternellement, avec amitié.
Sam
- Réponse de Alain Guiraudie à Yann Gonzalez :
2 avril 2014
Bonjour Yann, bonjour tout le monde,
J’ai bien lu ton mail que tu as renvoyé à Ciné Infos et à la SRF. Tu m’interpelles directement. Voici ma réponse.
Évidemment, je me doutais que ça allait arriver. Je me doutais bien que ça trottait dans certains esprits, cette coïncidence entre mon soutien à la convention et le succès de L’INCONNU DU LAC.
1) Oui, j’aurais approuvé la convention avant mon premier long métrage, d’autant plus qu’avant mon premier long, j’étais aussi régisseur adjoint.
2) Je ne me sens absolument pas en position de force, c’est sans doute mieux aujourd’hui pour moi mais je ne pense pas en avoir fini avec les problèmes de budget (en finit-on jamais avec ça ?).
Et rassure toi, on ne soutient pas la convention collective juste pour emmerder la jeunesse.
J’ai pas mal réfléchi à cette histoire de convention, coincé entre des préoccupations que j’ai eues comme technicien et des problèmes auxquels je me suis heurté en tant que réalisateur. J’ai fait des courts-métrages sans salaires, des longs payés sous le tarif syndical. Donc c’était pas non plus évident pour moi cette histoire.
Aujourd’hui on veut bien de nos films à condition qu’ils se fassent pour pas cher. Si on veut tant de la diversité, de la nouveauté, de l’audace, il faut la financer à hauteur de ce qu’elle coûte. C’est en s’en donnant les moyens qu’on gardera un cinéma fort. Pas en colmatant les brèches ou en ramassant les miettes. Je ne vois aucune raison à ce que cette diversité se paye sur le dos des techniciens (ou même des réalisateurs).
Depuis les années 90, je vois les budgets de beaucoup de nos films se boucler en rognant sur les salaires. Je vois même des longs métrages se faire sans salaire du tout. Sur certains films, il n’y a guère que les électriciens et les machinistes, de par leurs exigences et la trouille qu’en ont les directeurs de productions, qui font que la journée de travail ne dure pas 24 H.
Non seulement, ça ne donne pas nécessairement de bons films, ça peut même donner des films très académiques, car la précarité n’est pas un gage de qualité... Mais surtout, je ne sens aucune perspective d’amélioration. Bien au contraire. Je parle du cinéma, je parle aussi du fonctionnement du monde en général.
Depuis trente ans on aménage le système capitaliste en préservant l’économie de marché, la loi du plus fort tout en essayant dans le même temps de ne pas trop faire mal aux pauvres. Charité oblige. Une précarité s’est installée qui permet à chacun de grappiller des miettes par ci par là, qui permet à chacun de croire en sa chance. Un fragile équilibre aurait soit disant été trouvé dans nos démocraties occidentales entre la liberté d’entreprendre et la solidarité envers les plus pauvres. Y compris dans le cinéma français.
Mais il n’y a aucun équilibre de trouvé.
On réduit les salaires, on réduit le personnel, on réduit les temps de tournage. Je ne pense pas qu’il soit souhaitable de continuer comme ça. Des films de plus en plus pauvres d’un côté, des films de plus en plus riches de l’autre.
Il me semble très important de rappeler qu’un film, comme toute production (voiture, pain, poireau, etc), c'est avant tout du travail. Aussi ça me semble normal que les salaires représentent une grande part du coût d’un film.
Dans le cinéma français, on échappe aux 35 heures. Tout le monde accepte que la journée de travail fasse dix heures, que les CDD soient renouvelables ad vitam aeternam. On peut virer n’importe qui du jour au lendemain. On peut appeler un mec à dix heures du soir pour venir bosser le lendemain (et il est là). Les gens viennent travailler même malades. Le technicien de cinéma est taillable et corvéable à merci Il le sent moins passer parce qu’il aime ça. On constitue un corps de métier hyper souple Un vrai petit laboratoire pour le capitalisme. Alors la moindre des choses, c’est que les salaires soient à la hauteur.
L’offensive contre la convention collective participe pour moi d’une offensive généralisée contre la valeur du travail.
Du Medef au Parti Socialiste, sur tout le front libéral, on n’entend que ça : « Le travail coûte trop cher ». C’est pas les loyers, les bagnoles ou les actionnaires qui coûtent trop cher. Non, on nous dit que c’est le travail.
On cherche à « libérer le travail ». On veut nous faire entrer dans l’ère de la négociation individuelle, de l’accord de gré à gré contre la réglementation collective. Que chacun se démerde avec ses propres moyens. La concurrence comme moteur du monde. Je ne vois ce qu’on a à gagner socialement avec ça (ni artistiquement d’ailleurs). Je reste favorable à une société qui partage les richesses, les risques et les chances.
Enfin, je trouve très prétentieux de penser que parce qu’on fait de l’art (ou parce qu’on croit en faire) on devrait faire passer sa condition « d’artiste » avant tout. Comme le dit le texte que j’ai signé : « les droits des créateurs ne sont
pas opposables au droit du travail ».
Une convention collective a été signée. Face à ça, on a deux solutions :
On peut se lamenter, se demander comment on va faire une fois que ça sera plus comme on a l’habitude que ça soit. À ce compte-là, on n’aurait jamais rien fait. Je me doute qu’en 36, lorsque les congés payés ont été adoptés, non seulement des petits artisans ont dû être inquiets mais même certains ouvriers ont dû se dire que plus personne n’allaient vouloir les embaucher dans ces conditions.
On peut aussi envisager les choses d’une façon plus politique. Considérer qu’un accord collectif nous oblige à faire des choix. Doit-on laisser le marché imposer ses critères ou est-ce qu’on essaie de reprendre tout ça en main ? On a deux gros leviers pour ça : Le CNC et le service public audiovisuel.
Sur les films à 1millions, il manque combien pour payer les salaires correctement ? 100 200 000 euros. Le CNC en brasse 750 millions par an. Avec un minimum de volonté on pourrait initier une politique de redistribution des richesses vers le cinéma qui ne trouve pas sa place dans les financements télés. C’est d’ailleurs pour ça que le CNC a été créé à l’origine Et sous un gouvernement de droite.
Quant à l’audiovisuel public, tu as bien raison, les télés ne vont pas aller d’elles mêmes vers des films « difficiles ». D’ailleurs rien n’a jamais coulé de source. Pourquoi Canal + est soumis à une clause de diversité et pas le service public ? Et pourquoi le service public ne retrouverait-il pas sa mission première qui est de donner à voir des programmes différents ?
Tout ça découle de choix politiques, ça ne tombe pas et ça n’est jamais tombé du ciel.
Voilà, j’ai choisi mon camp. Ça s’appelle comme ça. Et pour répondre à ta première réflexion au sujet de notre phrase soi disant démagogique « nos fidèles équipiers, techniciens », je pense, effectivement, qu’on a eu raison de nous désolidariser du CA de la SRF avec ce texte.
Quand tu écris que « vous ne cherchez pas la guerre », je me demande ce qu’il te faut.
Lors de la dernière assemblée générale de la SRF, à grand renfort d’adhésion de dernière minute, vous avez élu un CA ayant pour seul projet la lutte contre la convention collective
Et maintenant, ce recours auprès du Conseil d’État, alors que la convention est (que vous le vouliez ou non) signée par toutes les associations de producteurs et quasiment tous les syndicats de salariés (sauf la CFDT toujours dans les bons coups)
Tout ça ne me donne pas l’impression que vous cherchez la paix.
Alain Guiraudie
P.S. : Je viens de prendre connaissance du communiqué de 5 associations de techniciens en réponse au recours de la SRF contre la convention collective. Je le joins à ce mail et je t’en conseille vivement la lecture.
> Retrouvez en PDF le communiqué de 5 associations de techniciens et les compte-rendus des table-rondes des associations de techniciens autour de l’application de la Convention Collective Etendue des métiers du Cinéma.
- Réponse de Christophe Ruggia à Alain Guiraudie :
13 avril 2014
Cher Alain,
Merci pour ta lettre. Je ne sais pas si Yann Gonzales y répondra de son côté, mais
j'aimerais rebondir sur ta réponse et en profiter pour faire un point. Il y a eu tellement
de désinformation et d'incompréhensions depuis notre premier texte collectif, il y a un
an de cela, tellement de choses qui méritent d'être éclaircies et rectifiées, que je
t'avoue ne pas trop savoir par où commencer.
Peut-être en t'assurant que je n'ai évidemment aucun doute sur la sincérité de ton
engagement pour la convention collective API/ SNTPCT, et que je sais que tu aurais
tenu exactement le même discours avant le succès si mérité de L'inconnu du lac.
Malheureusement, au moment où nous avons découvert les dangers que la
Convention Collective API/ SNTPCT (et pas n'importe quelle convention) faisait peser
sur le cinéma d'auteur le plus novateur quel que soit la hauteur de son budget, l'état de
crispation dans lequel se trouvaient les syndicats de producteurs indépendants d'un
côté, et les syndicats et associations de techniciens de l'autre, étaient tel que nous
nʼavons pas été entendus. Il a suffit que la CGT dise que nous roulions pour les
producteurs et que nous ne voulions pas de convention collective pour que tout le
monde le croie. Et encore aujourd'hui, après tous les textes que nous avons produit,
nous n'avons visiblement toujours pas réussis à nous faire entendre, puisque tu écris
à Yann : "Vous avez élu un CA ayant pour seul projet la lutte contre la convention
collective". C'est doublement faux.
Nous avons toujours dit et écrit que nous étions pour une convention collective, mais
que la philosophie qui sous-tendait ce texte-ci, nous semblait dangereuse pour le
cinéma d'auteur. Elle a été d'ailleurs largement améliorée par la suite (disparition du
numérus clausus, retrait des films de moins de 1,250M€ de la CC, remontée du
plafond de la clause dérogatoire de 2,5M€ à 3,6M€…), en partie grâce à notre
engagement, juste avant la renégociation finale en septembre qui a entraîné la
signature des syndicats de producteurs indépendants. Par ailleurs, nous n'avons
jamais dit que nous trouvions que le « travail coûtait trop cher ». Mais nous pensons
que dire "à travail égal, salaire égal" ne peut pas fonctionner pour le cinéma, alors que
les budgets sont aussi invraisemblablement disparates, sauf à accepter la disparition
d'un grand nombre de films, donc de réalisateurs et de techniciens. Tu mʼaccorderas
que la nuance est d'importance.
Et pour ce qui est du CA élu sur un "seul projet", là, en toute amitié, je te trouve quand
même un peu gonflé. La plupart des membres du CA d'aujourd'hui ont été auparavant
co-président du BLOC, ou président de la SRF, ou dans le Club des treize, ou
impliqués d'une manière ou d'une autre depuis des années dans la défense de l'intérêt
collectif. Alors, on peut être d'accord ou pas avec nous sur certains points, mais du
côté de l'engagement, je ne crois sincèrement pas qu'on ait à recevoir de leçons de
personne. Contrairement à ce que tu écris, quand nous nous sommes engagés à la
SRF l'année dernière, nous savions précisément ce que ça voulait dire, à la fois en
terme de responsabilités et de poids de travail. D'autant que la période qui s'ouvre est
particulièrement périlleuse.
Dʼabord parce quʼil faut absolument obtenir de meilleurs financements pour le cinéma
dʼauteur et que nous nʼavons eu de cesse depuis juin dernier de nous y employer. Si
nous ne nous étions pas battus pour obtenir le groupe réalisateurs/techniciens/
producteurs au CNC, celui-ci nʼaurait jamais existé et leurs propositions ne seraient
pas étudiées au sein de la concertation qui a lieu en ce moment au CNC autour du
Rapport Bonnell.
Ensuite, parce que lʼindustrie du cinéma français est en train de changer de modèle
économique, et de passer d'un financement qui repose en grande partie sur les
télévisions, Canal Plus en tête, à un financement qui repose en partie sur Internet et le
non-linéaire. C'est justement conscient de tous ces défis que nous avons décidé de
nous engager collectivement. Pour que cette fois, à la différence des discussions sur
la CCC, nous puissions participer au débat et être une force de propositions.
Je ne vais pas reprendre ta lettre à la lettre, je suis d'accord avec la plupart des
choses que tu dis sur l'état de la société, tout comme sur celui de nos métiers. Là où
nos analyses diffèrent fortement, c'est sur deux points essentiels.
Tu dis :"Si on veut tant de la diversité, de la nouveauté, de lʼaudace, il faut la financer
à hauteur de ce quʼelle coûte."
Je suis d'accord avec toi sur le constat, mais je suis sincèrement étonné que tu
puisses croire que ceux qui ont écrit et négocié la CCC, c'est à dire d'un côté l'API
(GAUMONT, PATHÉ, UGC, MK2) et de l'autre le SNTPCT, aient en tête de
sauvegarder la diversité. C'est bien mal les connaître. Le SNTPCT ne se cache pas de
vouloir la disparition de nombre de films. Pour Stéphane Pozderec, son délégué
général, un film qui n'est pas suffisamment désiré par le "marché", et donc
correctement financé par lui, n'a pas vocation à exister. Le mot préféré de Pozderec
est « professionnalisation », et la CCC, une manière de revenir aux bonnes vieilles
cartes professionnelles. Personnellement, je trouve cette position réactionnaire, et elle
me choque. Cʼest quand même drôle que personne ne semble noter que ce mot
«professionnalisation» est le même quʼemploie le MEDEF depuis 2003 pour nous
expliquer pourquoi il faut « resserrer » les annexes 8 et 10 autour des vrais
professionnels. Cʼest vraiment sur eux que tu comptes pour sauvegarder « la diversité,
la nouveauté et lʼaudace » ? Les 4 groupes dʼexploitation et le SNTPCT ?
Sérieusement, Alain ? Alors, tu prends le pari que « l'industrie » veut de ces films. Je
suis malheureusement plus pessimiste que toi. Je crois au contraire quʼils veulent
quʼune large partie de ces films disparaissent. Et avec eux ceux qui les font,
réalisateurs comme techniciens.
Le deuxième point qui est corollaire du premier, c'est quand tu dis qu'on a deux gros
leviers, en lʼoccurrence le CNC et les chaînes publiques. Si tu étais avec nous autour
de la table au CNC, dans la concertation sur le sous-financement du cinéma et les
problèmes de concentration de l'exploitation, tu t'apercevrais que ces deux leviers ne
risquent pas de monter bien hauts. D'abord, parce que les chaînes de télévisions,
services publiques comprises, ne veulent pas entendre parler dʼune hausse de leurs
obligations et que comme leurs chiffres dʼaffaires baissent (à cause de la pub), le
montant de leurs investissements baisse dʼautant. Et pour ce qui est du CNC, on se
bat comme des beaux diables mais cʼest loin dʼêtre gagné. Dès le départ, ils nous ont
dit que le CNC nʼenvisageait pas de "mettre de l'argent sur la table". Et que la plupart
des discussions serait à « enveloppe fermée » (même si on va se battre jusqu'au bout
pour que ce ne soit pas le cas). Ce qui veut dire que le surcoût des films va se faire au
détriment d'autres films, entraînant mécaniquement la disparition d'un certain nombre
de réalisateurs, de producteurs et de techniciens.
Et quand on se bat pour une meilleure répartition des financements, et une meilleure
exposition des films en salle, ce qui serait de loin la meilleure hypothèse, qui crois-tu
qui est le plus violemment contre toutes propositions qui iraient dans ce sens ? LʼAPI
bien sûr, qui ne veut lâcher sur rien.
Autrement dit : dire que le surcoût apporté par la convention va être pris en charge par
les financiers à nombre de films égal, est soit un leurre, soit un mensonge, selon ce
que l'on sait, ou ce que l'on ne sait pas. La réalité est que l'industrie est massivement
en train de se restructurer autour de beaucoup moins de films mieux financés et que la
CCC participe largement de ce mouvement. (A cet égard, les chiffres de la FICAM, les
industries techniques, indiquant une baisse de 40% des films sur le premier trimestre
2014 par rapport aux trois années précédentes fait froid dans le dos. Même si lʼon peut
espérer que cela ne soit que conjoncturelle et que cette baisse se calme dans les mois
qui viennent).
Si, en juillet, quand va être rediscutée la question des films à moins de 1,250M€, ces
films sont finalement rattachés à la CCC, alors la plupart de ces films nʼarriveront plus
à exister.
Comme par hasard, une des propositions phares du - par ailleurs très intéressant -
rapport Bonnell est de proposer que les films "fragiles" puissent sortir directement en
VOD, sans passer par la salle, et pour les inciter à le faire, qu'ils puissent bénéficier du
soutien cinéma. Ce ne seraient donc plus des films de cinéma, mais des webfilms
(comme il y a des téléfilms). Cʼest une des propositions contre laquelle on se bat au
sein du groupe "Distribution/Exploitation", dans lequel je me trouve avec Pascale
Ferran, proposition qui est bien évidement défendue par l'API. Difficile de ne pas voir
ici la cohérence de leur projet.
Et pour que tu mesures le mépris qui sous-tend tout ça, je te citerai juste ce quʼà dit le
délégué général du SPIAC-CGT à Katell Quillévéré quand nous avons été les voir,
Katell, Héléna Klotz et moi, pour discuter de la convention : « Ne tʼinquiète pas, hein…
Avec la convention, tu pourras toujours continuer de faire des films dans ton jardin
avec tes copains ». Cʼest te dire là où ils mettent la barre des « films de jardin » si
Suzanne en fait partie.
Tout cela me fait peur. Parce que les réponses apportées à la convention risquent
dʼêtre terribles, et dans un premier temps en termes dʼemploi : réduction importante du
nombre de films, mais aussi, pour certains films dʼauteur qui se feront malgré tout,
réduction des temps de préparation, de tournage, et de montage, ou réduction des
équipes, ou délocalisations accrues (même si la récente remontée du crédit dʼimpôt
pour les films à moins de 4 M€ endigue en partie ce risque).
Est-ce que tu penses que cʼest vraiment lʼintérêt des techniciens de ces films-là ? Et
de leur réalisateur ? Et des films eux-mêmes ? Et de leur qualité potentielle ?
Cela nʼenlève rien à la nécessité dʼune convention qui empêche les abus infernaux de
ces dernières années, mais tu ne trouves pas que ça vaut le coup de nuancer un peu
le propos ?
Car je ne peux mʼempêcher de poser la question : est-ce vraiment lʼintérêt de tous les
techniciens que la profession se resserre à ce point sur les plus installés dʼentre eux ?
Et sur les films les plus solubles avec le marché ?
Les techniciens considèrent-ils à ce point que les films sont interchangeables ? Et
quʼils auront le même plaisir à travailler sur un film bien financé par le marché mais qui
ne les intéresse pas beaucoup que sur un projet qui leur tient à coeur ? A tort ou à
raison, je ne le crois pas une seconde. Et je pense quʼil est impossible de délier la
question des acquis sociaux aux exigences artistiques du cinéma. A notre propre
cinéphilie. Personnellement, je nʼarrive pas à ne pas vouloir les deux. Je nʼy arrive
pas.
Enfin puisque tu renvoies au texte des associations de techniciens, paru sur le site de
l'AFC, je voudrais préciser qu'au sujet du recours, il présente de nouveau les choses
d'une manière biaisée. Encore une fois, on ne se bat pas « pour que la convention
nʼexiste pas ».
Si nous avons déposé ce recours, cʼest parce que nous n'acceptons pas que les 4
grands circuits décident unilatéralement pour tout le cinéma français. Et si le Conseil
d'État nous suivait, comme nous l'espérons, sur la non représentativité de l'API en tant
que producteurs, ce serait une grande victoire pour tous ceux qui se battent pour la
diversité du cinéma, réalisateurs et techniciens compris.
Quant à la convention, elle pourrait être signée à nouveau, dès le lendemain, par
toutes les organisations de producteurs et syndicats signataires du 1er octobre 2013
(qui ont signé ultérieurement à lʼextension par le Gouvernement au 1° juillet, et donc
ultérieurement à lʼobjet de la requête). Contrairement à ce que vous croyez, ou à ce
que la CGT aimerait vous faire croire, la convention n'est pas mise en danger par
notre action. Au mieux pourrait-on espérer que le fait de remettre le débat sur la table
permette une prise de conscience tardive et quelques améliorations de dernières
minutes, en particulier avant que reprennent les négociations qui vont avoir lieues sur
les films à moins de 1,250M€.... Mais là on est plutôt dans le domaine du rêve.
Par ailleurs, nous n'avons pas du tout formés une requête "avec l'appui" de la CFDT,
nous avons utilisé l'opportunité de leur propre recours déposé de longue date, pour
faire ce qu'on appelle une "intervention volontaire" et pouvoir développer nos propres
arguments, ce qu'on n'aurait pas pu faire autrement. Encore un faux débat à la con. En
fait, ce contact avec la CFDT a surtout été lʼoccasion de pouvoir rencontrer les
négociateurs de la Confédération sur les annexes 8 et 10 des intermittents et leur dire
avec clarté ce que nous pensions du très mauvais texte quʼils avaient signé. Nous
saurons assez rapidement si nous avons été entendus à ce propos, entre autres sur le
problème du « décalage » ou délai de carence.
Le combat que nous menons n'est en aucune manière tourné contre les techniciens,et ça me déchire le ventre que toi et beaucoup de mes amis puissiez penser ça. Il est comme toujours contre l'éternelle tentation des acteurs les plus puissants de l'industrie du cinéma (et de certaines télévisions qui la finance) de ne plus faire que des "produits d'appel" pour vendre de l'audience, du coca-cola ou des pop-corns. Le fameux "temps de cerveau disponible".
Pour conclure, j'ai envie de te dire, et de dire à tous ceux qui me liront, réalisateurs et
techniciens : arrêtons de nous faire des procès d'intention et de nous déchirer pour
des mauvaises raisons. La convention existe. Je crois que nous pouvons tomber
dʼaccord sur le fait quʼelle peut être améliorée, des deux côtés dʼailleurs (je pense par
exemple que le plancher minimal de 750€ + 30% de la clause dérogatoire est trop bas
pour les films de plus de 2 ou 2,5 M€). Ensemble on pourrait se battre pour ça,
comme on doit se battre pour un meilleur financement.
C'est seulement si nous sommes tous unis que nous pourrons peut-être enfin
sécuriser les annexes 8 et 10, et faire pression sur le ministère de la Culture et le CNC
pour qu'une vraie réforme du cinéma ait lieu, qui repose sur plus d'investissements
mais surtout sur une meilleure répartition des richesses existantes. Une vaste réforme
qui prenne aussi enfin en compte les problèmes cruciaux que pose la concentration de
la distribution et de l'exploitation sur la diversité du cinéma.
Sinon, le réveil risque d'être brutal.
Bien amicalement à toi,
Christophe Ruggia
- Convention collective cinéma
- SRF
Suite à la réunion ouverte du 5 mars, nous avons reçu ce texte de Stéphanie Kalfon, intitulé Les petites flammes.
Avec son accord, nous avons pensé qu'il était important de le partager avec vous.
- Convention collective cinéma
- SRF
Suite à la réunion ouverte du 5 mars, nous avons reçu ce texte de Stéphanie Kalfon, intitulé Les petites flammes.
Avec son accord, nous avons pensé qu'il était important de le partager avec vous.
Défendez, partout, sʼil vous plait, les petites flammes.
La question que je me pose depuis des mois, cʼest comment rendre compte
de nos réels et de nos imaginaires, si on nʼa plus la possibilité de fabriquer un
film à notre manière ?
Et comment éviter de se retrouver contraints à faire des compromis dès la
page de garde ?
On le sent, on le sait : quelque chose est menacé. Ce quelque chose, cʼest la
petite flamme. Ce petit « truc » fait dʼenthousiasme et dʼâme. Notre âme
sʼalarme. Nous le savons parce que précisément cʼest notre métier de
cinéaste : voir avant le noir, dans le noir, au delà de ce qui est visible. Cʼest
électrique, cʼest intuitif mais on lʼentend au loin : la fin des petites flammes est
en marche. Alors nous tous, on est en alerte. Quelque chose sʼest réveillé, un
pressentiment : si on ne tente pas tout ce qui est possible pour préserver tous
les films et les films de tous, cʼest la fin des possibles. Le risque, cʼest que
progressivement et crescendo, il nʼy ait plus que « la presque même chose »
à voir, uniforme, répétitive, déclinée. Et les innombrables variations de cette
uniformité aura son public (et donc son aval par voie de conséquence), car le
public simplement, comme nous, aime le cinéma.
Contre les discours de ceux qui jugent et catégorisent certains films selon leur
goût personnel, leur intérêt ou lʼattente fantasmatique de ce que « vient voir »
le spectateur, il faut défendre le droit des possibles. Cʼest à dire tous les
droits : celui dʼêtre uniforme et celui dʼêtre singulier, celui dʼêtre différent et
identique, celui de devenir qui on veut et dʼen donner les images que lʼon
veut, dans la forme que lʼon veut. Refusons lʼexclusion de toutes parts.
Jʼaimerais quʼon défende ceux qui se sentent en danger et ceux qui se
sentent en sécurité, la lumière et lʼombre, les 360 degrés des possibles.
Refusons les catégories qui enferment et les chiffres qui brûlent. Si on
formate la forme en interdisant certaines manières de fabriquer les films, cʼest
le regard quʼon affaiblit. Cʼest le regard quʼon (auto)censure. Et tous, au bout
du compte, nous en serons rétrécis. Or je demande, que sont les cinéastes,
avant tout (et après tout), si ce nʼest dʼabord : un regard, une capacité de
rêver ?
Et comment maintenir vivace en nous cette capacité de rêver si dès lʼécriture,
on nous contraint jusquʼà lʼétouffement ?
Et comment permettre au regard de voir au-delà de ce qui a déjà été vu, filmé,
montré, si lʼon ne peut plus inventer les modes de fabrication qui le laissent
advenir ?
Derrière la question des salaires et de la justice sociale qui nous concerne
tous, il y a la question de lʼavenir. Je me demande, que deviendront les
techniciens quand viendra leur tour dʼêtre fracassés sur lʼautel de lʼuniformité :
quʼelle soit celle de la bêtise, de la ressemblance, de lʼinfantilisation ou de la démagogie,
et même quand elle serait la reproduction vertigineuse dʼune même recette gagnante.
Pour eux aussi, amis, les places se rétréciront autant que le nombre de films.
Sʼil nʼy a plus assez de diversité pour leur permettre de travailler,
la justice sociale accouchera de son contraire : une plus grande
injustice, un rétrécissement. Les techniciens aussi seront condamnés à la
colère. Car le risque est grand que ce soit en « édition limitée » que se
forment demain les équipes, bloquant, ici et là, pas seulement lʼémergence
des jeunes mais simplement, cʼest mathématique, ceux qui nʼauront pas été
réembauchés. Certes, certains auront gagné une sécurité dʼapparence mais
perdu la découverte, la curiosité, lʼaventure. Ils auront, à leur tour, perdu le
choix. Maigre récompense.
Comment faire comprendre aux techniciens qui sont nos partenaires, nos
yeux, nos oreilles, nos couleurs, nos confidents, nos amis, notre confiance et
notre gage de réussite… que bientôt, les tournages risquent dʼafficher
« complet » ?
Et que devrons-nous ensuite céder encore comme compromis ? Sʼils nous
laissent seuls à nous-mêmes, nous serons seuls.
Sans compter le désastre que deviendra notre paysage. Cʼest un des plus
grands risques, cʼest même le premier qui sonne lʼalerte en moi. Ai-je envie
que les mêmes personnes travaillant à peu près de la même manière, sur des
films fabriqués à peu près de la même façon, avec des histoires écrites
variablement sur la même formule, résument lʼaffiche du cinéma français à
venir ? La réponse est NON. Oui, je force le trait, je caricature, mais personne
ne peut nous assurer du contraire.
Ce risque cʼest ce que nous cinéastes, nous pouvons pré-voir, et tant pis si
notre inquiétude est ironisée ou noyée dans des règlements de compte. Je ne
crois pas que nous soyons ni alarmistes, ni mus par une peur fantasmée. Je
crois que si on ne défend pas notre bigarrure, nous prenons le risque de
devoir ressembler aux images produites dans le conformisme ; nous devrons
choisir entre lʼacceptation offusquée ou lʼobéissance plate. Plate, comme ces
images uniformes du monde. Des images auxquelles ont pourrait sʼhabituer
vite et qui nous prendront de vitesse.
En vous entendant à la Cinémathèque, jʼavais compris quʼil est possible
dʼallier justice sociale et créativité. Car oui, ne soyons pas schizophrènes :
nous, gens du cinéma, tous compris, ne sommes pas opposés malgré les
insultes. Nous voulons tous être payés normalement, pour pouvoir vivre et
fabriquer des films selon la logique de chaque histoire. Et nous voulons
continuer de faire ce métier. Nous avons, la flamme, la petite flamme.
Les petites flammes, cʼest ce qui nous unit, ce qui fait notre identité singulière
et universelle. Ce nʼest pas seulement une manière de nommer les jeunes
cinéastes et les jeunes films qui ne pourront plus voir le jour dans un cadre si
étrangleur. Ce ne sont pas seulement tous ceux qui vont se retrouver hors la
loi. Cʼest ce qui profondément nous rassemble et nous met en rage.
Je pense que la loi doit être un cadre pour tous les tableaux et pas un
supermarché pour cadres photos. La loi doit permettre de vivre et non
dʼenfermer selon des valeurs ou des jugements subjectifs. Le premier
scandale, il est là : nous condamner à devenir des délinquants esthétiques,
des voyous de lʼimaginaire. Ça mʼest insupportable de penser que la loi va
contribuer à normer, à borner ce qui est insaisissable et qui fait notre force :
notre vitalité, notre capacité à rêver. Pour moi, la loi nʼest pas faite pour ça ! Et
si, par des effets collatéraux cela se produit, cʼest quʼil y a dérive. Et il faut la
dénoncer. On veut nous faire croire que nous sommes opposés, quʼil y a des
géants et des fragiles, et donc, quʼil nʼy a pas le choix. Or cʼest peut-être une
illusion dʼoptique : jʼai envie de croire que nous ne sommes pas opposés et
que nous avons le choix. Justement parce que nous sommes, parce que nous
avons : les petites flammes.
Les petites flammes, cʼest aussi bien sûr ceux qui commencent : les jeunes
cinéastes. Dont je fais partie. Ceux qui ont déjà fait un film, deux, trois films,
ceux qui essayent encore de faire leur premier, et tous ceux qui y aspireront
demain et qui ne sont pas nés encore. Nous, sentons une force de vent qui
souffle plus brutalement quʼavant, et déjà, ici et là, certaines veilleuses
sʼéteignent. Il ne sʼagit pas de la loi du genre ou la loi du marché (pas de
chance, pas assez de place, trop de films, il faut des sacrifiés, il y a ceux qui
en sont et les autres, cʼest injuste mais cʼest la crise). Non. Il sʼagit dʼautre
chose que la banale difficulté à émerger dans tout milieu professionnel. Il
sʼagit dʼune tristesse qui se répand. Un découragement, une
incompréhension, un élan arrêté en vol, le sentiment que non, décidément,
tout nʼest pas possible… ou finalement pas grand chose… Cʼest à eux aussi,
à nous, que vous avez fait une promesse. Vous nous avez promis de vous
battre pour ne pas tuer les commencements. Pour quʼil reste une route
possible, même petite et escarpée, même terriblement difficile et solitaire,
nous on sʼen fiche. Notre petite flamme doit rester allumée, mais il faut aussi
quʼil reste un chemin. Tenez, sʼil vous plait, votre promesse à lʼaube.
Et au delà. Parce que les petites flammes, pour moi, cʼest notre réponse à la
question : pourquoi diable faites vous, ce métier et pas un autre ?
Voici ma réponse : pour la joie.
La joie, cʼest les quatre secondes dans le noir sur son siège après la pub
quand le film commence et que tout est possible. La joie cʼest le tremblement
quand apparaît la première image sur le combo. La joie cʼest de fabriquer
ensemble, alors que tout a commencé dans nos chambres intérieures,
pleines de doutes et dʼenvie dʼaventure. La joie, cʼest ce petit souffle invisible
qui est toujours là, fidèle ami, qui nous maintient en vie et nous maintient
debout quand on se décourage. Cʼest ce « truc » par où tout commence : la
joie dʼune idée ! La joie dʼune image ! La joie du collectif. Cʼest chaque fois
quʼon commence et chaque fois quʼon recommence. Alors, amis cinéastes
élus, permettez à tous les films dʼêtre rêvés. Et à tous ceux qui se concrétisent
de sʼapprocher au plus près ce quʼils veulent être. Et à chacun dʼentre nous
- quʼon en soit au début, au milieu ou à la fin - de garder la liberté dʼinventer
et de sʼinventer.
Défendez ce qui nʼest pas encore visible, tant pis pour le paradoxe, tant pis
pour les aveugles, ils nous rejoindront plus tard. Défendez ce qui nʼest pas
encore là, ce qui nʼest pas encore tangible, quantifiable, catégorisable.
Défendez notre invisible qui risque de disparaître. Défendez les
commencements que vous avez été, que nous sommes, qui seront. Défendez
lʼhorizon caché par de lʼécume bruyante. Lʼinvisible est en marche, ce qui ne
verra pas le jour risque déjà dʼêtre éteint. Ça ne se voit pas à lʼoeil nu, mais au
pressentiment.
Notre secours, cʼest votre force, qui est aussi notre recours.
Cʼest ce que vous nous avez communiqué dès la première réunion à la
Cinémathèque, ce que nous sommes venus dire en vous élisant, ce quʼil faut
continuer à veiller. Les petites flammes.
Stéphanie Kalfon
- Convention collective cinéma
- SRF
Lettre ouverte de l’Observatoire de la liberté de création, dont fait partie la SRF :
Il y a eu, en 2000, Présumés innocents, exposition au CAPC de Bordeaux dont les commissaires ont été poursuivies, a posteriori, au pénal, par une association s’occupant de rechercher les enfants disparus, la Mouette. La procédure a fini par un non-lieu, de nombreuses années après, mais elle a marqué les esprits et le retour de l’ordre moral qui n’a fait que s’aggraver ces dernières années.
- SRF
Lettre ouverte de l’Observatoire de la liberté de création, dont fait partie la SRF :
Il y a eu, en 2000, Présumés innocents, exposition au CAPC de Bordeaux dont les commissaires ont été poursuivies, a posteriori, au pénal, par une association s’occupant de rechercher les enfants disparus, la Mouette. La procédure a fini par un non-lieu, de nombreuses années après, mais elle a marqué les esprits et le retour de l’ordre moral qui n’a fait que s’aggraver ces dernières années.
En 2010, Le Baiser de la Lune, film d’animation de Sébastien Watel, montrait un poisson-lune qui aimait un poisson-chat. Il devait être diffusé à l’école dans le cadre d’une campagne de prévention contre les discriminations, mais le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, l’a interdit. Christine Boutin, sous couvert de son parti chrétien, soutint que ce film privait les enfants « des repères les plus fondamentaux que sont la différence des sexes et la dimension structurante pour chacun de l’altérité ». Prévenir contre l’homophobie serait faire de l’idéologie.
En avril 2011, Immersion (Piss Christ) et Sœur Jeanne Myriam, deux œuvres d’Andres Serrano, furent vandalisées à la Collection Lambert d’Avignon à la suite d’une manifestation conduite par Civitas. Certains évêques s’étaient joints aux intégristes dans la dénonciation d’un prétendu blasphème.
Quelques mois plus tard, des représentations de la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, furent empêchées par des catholiques intégristes. Il a fallu que la police protège les théâtres, comme ce fut le cas ensuite pour la pièce Golgota Picnic, de Rodrigo Garcia. Le porte-parole de la Conférence des évêques dénonçait ces deux spectacles sans les avoir vus, encourageant ainsi les manifestants.
Le 21 novembre 2013, le Fonds régional d’art contemporain de Lorraine a été condamné pour la présentation des œuvres d’Éric Pougeau dans l’exposition Infamilles à la demande de l’Agrif, une association « pour le respect de l’identité française et chrétienne », sur le fondement de l’article 227-24 du Code pénal, dont l’Observatoire de la liberté de création demande la modification depuis 2003 (voir manifeste ci-joint). Les œuvres incriminées sont considérées par la justice comme violentes à l’égard des mineurs, et portant gravement atteinte à la dignité humaine. C’est la première fois qu’une exposition est condamnée judiciairement sur ce fondement. La cour d’appel est saisie.
En février 2014, le film Tomboy, de Céline Sciamma, a été attaqué par Civitas qui demande son retrait du dispositif d’éducation artistique « École et cinéma », et a cherché à s’opposer à sa diffusion sur Arte. Une candidate du FN à La Roche-sur-Yon dénonce Tragédie, spectacle chorégraphique d’Olivier Dubois, jugé « décadent » pour cause de nudité. Tous à poil !, livre de Claire Franek et Marc Daniau, est vilipendé au même moment par Jean-François Copé au nom du « respect de l’autorité ».
Les 28 janvier et 5 février 2014, sont remis en cause les visas d’exploitation du film Nymphomaniac Volume I et Volume II de Lars von Trier, par deux décisions du juge des référés du tribunal administratif de Paris. La délivrance de ces visas par la ministre de la Culture s’était pourtant appuyée sur une consultation de la Commission de classification. Le juge des référés est, par définition, seul. Il visionne et juge le film, seul. Et son jugement donne raison à une association (Promouvoir) dont le but est clairement confessionnel (« la promotion des valeurs judéochrétiennes, dans tous les domaines de la vie sociale ») et qui développe une stratégie d’actions contentieuses, administratives et pénales, contre les films et les livres, depuis 20 ans.
Les visas critiqués ont été délivrés par la ministre de la Culture après avis collégial d’une commission présidée par un conseiller d’Etat, nommé par décret, et composée de fonctionnaires représentant les ministères concernés par la protection de l’enfance et de l’adolescence, de professionnels, d’experts, dont des représentants de l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et du Défenseur des enfants. Le film est désormais interdit aux moins de 16 ans (Volume I), et 18 ans (Volume II). Avec des conséquences lourdes sur sa diffusion, dont la portée est loin de ne concerner que les mineurs prétendument protégés par de telles mesures.
Le 20 février, le même juge des référés déboute l’association Promouvoir qui prétendait faire casser le visa du film La vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche (interdit au moins de 12 ans), en faveur d’une interdiction aux moins de 18 ans. Le juge des référés ne répond pas favorablement, uniquement parce que l’association s’y est prise trop tard, ce qui laisse présager de la suite.
Il y a encore l’artiste Steven Cohen, arrêté en septembre 2013 au Trocadéro en pleine performance, pour cause « d’exhibition sexuelle », car il était partiellement nu, par les policiers du commissariat de la Faisanderie, proche du bois de Boulogne. Il sera jugé par le tribunal correctionnel de Paris, le 24 mars prochain, à la demande du parquet.
Il y a les pressions, exercées par des mouvements extrémistes, sur les bibliothèques pour censurer tel ou tel ouvrage, jugé par eux immoral ou scandaleux, demandant des comptes sur les politiques d’achat, de consultation et de prêt.
Il y a les mêmes anathèmes, lancés sur les manuels et les bibliothèques scolaires, les enseignants et les éducateurs, au nom d’un ordre moral qui ne s’autorise que de lui-même ou d’une rumeur autour d’une « théorie du genre », prétendument enseignée à l’école. Et cette fois, sont rassemblés les fondamentalistes de toutes les religions.
Ce n’est évidemment pas fini.
Ces faits devenus réguliers ont plusieurs caractéristiques communes alarmantes. Quelques groupes, très actifs et organisés en réseau, se sont érigés en arbitres et en gardiens des bonnes mœurs, selon des principes le plus souvent empruntés à l’ordre du religieux et de la morale. Ils s’attaquent à l’art et tentent d’empêcher la diffusion des œuvres qui leur déplaisent par tous les moyens : intimidation, rumeur, action violente... Les musées, les lieux d’exposition, les cinémas, les théâtres, les bibliothèques et les écoles, tous les lieux publics de culture et de connaissance sont devenus leur cible.
Or nous vivons dans une république démocratique et laïque. Il est temps de rappeler que la culture et l’éducation fondent notre pacte républicain, autour des valeurs de diversité, de tolérance et de dialogue. Le débat sur les œuvres est légitime et sain, chaque avis est respectable, mais rien ne justifie l’action violente. Une oeuvre qui respecte ce pacte ne peut faire l’objet d’aucune censure ni d’aucune forme de pression dictée par des minorités agissant au nom de principes communautaristes, ou d’arguments idéologiques, religieux ou moraux.
Le travail des auteurs, des artistes et des interprètes n’est jamais de dire une vérité unique. Une œuvre est une représentation, une fiction qui permet d’exprimer une vision du monde, et cette vision est et doit rester libre. La diffusion des œuvres ne doit pas être entravée par ceux qui n’en ont qu’une vision étroite, injuste ou déformée, et demandent une censure, parfois sans même voir, regarder ou entendre. Ce qui est en cause, ici, c’est le jugement que chacun peut faire librement des œuvres qui lui sont données à voir ou à entendre. Ce n’est pas seulement la liberté des créateurs que nous défendons, mais c’est aussi celle du spectateur. La censure porte atteinte à ce qui donne à chacun l’occasion d’exercer son intelligence et de questionner son rapport à l’autre ou au monde. Il s’agit de défendre l’expérience offerte à tous de la pensée et de la sensibilité, contre toute forme de puritanisme ou de catéchisme de la haine. Il ne faut pas laisser vaincre ceux qui tentent d’anéantir ce qui est un principe de toute vie démocratique. Si l’œuvre est polémique, elle requiert un débat, pas une interdiction.
Il est très préoccupant que l’Observatoire de la liberté de création ait à rappeler ces évidences. Il dénonce, depuis plus de dix ans, le dispositif légal qui permet aux associations d’agir contre les œuvres au nom de la protection de l’enfance, alors qu’elles n’ont aucun titre à le faire. Il dénonce les dispositions légales qui sont fort mal rédigées, et qui permettent des sanctions pénales contre les œuvres pour des motifs touchant à la morale.
Pendant sa campagne électorale, le candidat François Hollande s’est publiquement engagé auprès de l’Observatoire de la liberté de création, le 2 mai 2012, à « revoir profondément la législation en vigueur », dénonçant les attaques et remises en cause de manifestations artistiques, et affirmant qu’il convient de faire « cesser » « les poursuites contre des commissaires d’exposition ou l’autocensure des élus ».
Il est temps de passer aux actes.
Nous en appelons solennellement au président de la République, au gouvernement et aux parlementaires, pour procéder aux modifications législatives qui s’imposent, afin de garantir la liberté de création et de diffusion des œuvres, et modifier le code pénal.
Nous en appelons aux plus hautes instances de l’Etat, mais aussi aux élus locaux, pour protéger, autant de fois qu’il sera nécessaire, les œuvres, les artistes et les lieux de connaissance et de culture, par la garantie réaffirmée de la liberté de création et de diffusion des œuvres.
Membres de l’Observatoire :
- la Fédération des salons et fêtes du livre de jeunesse ;
- le Syndicat des artistes plasticiens (Snap – CGT) ;
- l’association des Auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP) ;
- le Cipac – Fédération des professionnels de l’art contemporain ;
- la Ligue de l’enseignement ;
- la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ;
- l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid) ;
- la section française de l’Association internationale des critiques d’art (AICA – France) ;
- le Groupe 25 images ;
- le Syndicat français des artistes interprètes (SFA) ;
- la Société des gens de lettre (SGDL) ;
- la Société des réalisateurs de films (SRF) ;
- le Syndicat français de la critique de cinéma (SFCC).
Organisations signataires :
- l’Association des directrices et directeurs de bibliothèques municipales et de groupements intercommunaux des villes de France (ADBGV) ;
- le Syndicat des distributeurs indépendants (SDI) ;
- l’Union des photographes professionnels-auteurs (UPP) ;
- le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (SYNDEAC) ;
- l’Association des auteurs réalisateurs du sud-est (AARSE) ;
- le Syndicat des professionnels de l’industrie de l’audiovisuel et du cinéma (Sipac – CGT)
> Retrouvez le manifeste de l'Observatoire de la liberté de création : http://www.ldh-france.org/Le-manifeste-de-l-Observatoire-de.html
- SRF
Chers réalisateurs,
Il y a un peu plus d’un mois, une vingtaine de réalisateurs de la nouvelle génération (ayant réalisés un, deux ou trois long-métrages) se sont réunis, dont quelques membres du CA de la SRF.
Ils savaient que le moratoire de six mois, qui sort actuellement les films de moins de 1,25 M€ du champ d’application de la convention, doit être renégocié d’ici le 8 avril et qu’il y a des risques très sérieux que cette mesure ne soit pas reconduite.
- Convention collective cinéma
- SRF
Chers réalisateurs,
Il y a un peu plus d’un mois, une vingtaine de réalisateurs de la nouvelle génération (ayant réalisés un, deux ou trois long-métrages) se sont réunis, dont quelques membres du CA de la SRF.
Ils savaient que le moratoire de six mois, qui sort actuellement les films de moins de 1,25 M€ du champ d’application de la convention, doit être renégocié d’ici le 8 avril et qu’il y a des risques très sérieux que cette mesure ne soit pas reconduite.
Ces réalisateurs étaient par ailleurs toujours inquiets face aux conséquences de l’application de la convention collective et en particulier la très grande rigidité que cela produit en tournage, via le paiement des heures de transport et de préparation, et les majorations des heures supplémentaires et des heures de nuit.
Le témoignage de l’un d’entre eux, venant tout juste de finir le tournage de son dernier film était à cet égard très parlant.
Leurs inquiétudes ont ravivé les nôtres.
Lors d’une réunion la semaine suivante, les membres du CA en ont longuement discuté. Sachant que nous ne sommes pas autour de la table des négociations, notre capacité à peser dans la discussion actuelle autour des films de moins de 1,25 M€ nous semblait très limitée.
La seule idée qui ait émergé était la possibilité de déposer au nom des réalisateurs de la SRF un recours (ou « intervention volontaire ») en appui à la requête déposée par la CFDT auprès du Conseil d’Etat en septembre dernier, contre l’extension de la convention collective par le gouvernement le 1° juillet 2013.
Le débat fut long et partagé entre nous.
Tout le monde s’accordait sur le fait que cette convention a déjà des effets néfastes :
- Parce qu’elle rigidifie incroyablement les tournages et rend beaucoup plus difficile d’inventer des pratiques spécifiques à chaque projet artistique à l’intérieur d’un cadre aussi normatif.
- Parce qu’elle tend à diminuer les temps de fabrication (préparation, tournage, post-production) afin de compenser l’augmentation globale de la masse salariale.
- Parce qu’elle compresse encore davantage qu’auparavant les rémunérations ou les temps de travail de ceux qu’elle ne protège pas : les scénaristes, ou de ceux qu’elle protège mal : les monteurs.
- Parce qu’elle remet en cause l’existence d’un grand nombre de films (40% de tournage en moins sur janvier et février 2014 par rapport aux années précédentes), et donc aussi l’emploi de nombreux techniciens.
- Parce que l’addition des effets de seuil autour de 3,6 M€ (clause dérogatoire de la convention a 3,6 M€ + clause de diversité de Canal à 4 M€ + crédit d’impôt relevé pour les films de moins de 4 M€) produit une barrière presque infranchissable pour des films d’un coût de plus de 3,6 M€, dès lors que ce ne sont pas de purs films de marché, ou qu’ils ne sont pas réalisés par quelques cinéastes incontournables.
Ce constat, nous le partagions tous.
C’est la question plus spécifique d’une intervention auprès du Conseil d’Etat qui faisait débat entre nous, entre ceux qui étaient plutôt pour et ceux qui étaient plutôt contre.
Les « plutôt pour » plaidaient que c’était aujourd'hui le seul moyen de peser dans la négociation autour des films de moins de 1,25 M€ (la crainte que le Conseil d’Etat annule l’extension pouvant modifier la négociation à venir) et que, puisque c’était le dernier recours possible contre une convention absolument nécessaire mais mal adaptée, en l'état, à la création cinématographique, nous devions tenter cette dernière possibilité d’annulation de l’extension et de reprise des négociations.
Les « plutôt contre » argumentaient que cela allait rouvrir les tensions entre réalisateurs et techniciens (certains réalisateurs et certains techniciens), alors même que nous n’avions de cesse depuis des mois de retisser des liens avec eux, notamment en se battant ensemble pour de meilleures sources de financement.
Face à l’importance de la décision, nous avons décidé de porter le débat devant une assemblée beaucoup plus large de réalisateurs et de nous en ouvrir aux adhérents présents lors de la réunion ouverte au Point Ephémère le 5 mars.
L’échange, qui eut lieu entre 60 ou 70 réalisateurs, fut riche et passionnant.
Après une discussion de plus de trois heures, il se dégagea qu’une large majorité, toutes générations confondues, était clairement pour déposer un recours, tandis qu’une petite minorité était contre et qu’une minorité conséquente restait indécise.
Fort de cela, nous avons décidé dès le lendemain de prendre conseil auprès d’une avocate spécialiste en droit du travail afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du recours potentiel.
Il en est ressorti que, dans l'hypothèse où nous déciderions d'agir :
1. Nous n’avions plus que quelques jours pour le déposer.
2. Que c’était en tant que SRF que nous agissions, ce que nos statuts nous permettent de faire, dans une parfaite étanchéité avec la CFDT dont nous ne sommes pas membres.
3. Que cette « intervention volontaire » parce qu’elle vient en appui de la « requête » déposée par la CFDT en septembre dernier, ne pouvait que s’appuyer sur leur argumentaire : soit, d’une part, le caractère illégitime de la procédure de signature de la convention ; et d’autre part, la non-représentativité de l’API.
Quelques mots à propos de la non-représentativité de l’API :
Il faut se souvenir qu’au 1° juillet 2013, date où le gouvernement a décidé d’étendre l’application de la convention au 1° octobre, seul l’API (syndicat constitué exclusivement des 4 groupes : Gaumont, Pathé, UGC, MK2) avait signé la convention en tant que producteurs, tous les autres syndicats de producteurs refusant de la signer en l’état. (Le SPI, l’APC et l’UPF n’ont signé le texte étendu qu’à la veille de son application le 1° octobre, après d’ultimes négociations.)
Or les 4 groupes de l’API, dont le coeur de l'activité est aujourd'hui la distribution et l'exploitation en salles, ne produisent que 1% de la production annuelle, employant environ 5% des salariés du secteur. Ce qui est bien peu pour qu’ils puisent être considérés comme représentatif de l’ensemble des producteurs dans une négociation aussi importante pour le secteur tout entier.
Cette question de la non-représentativité de l’API est décisive, car cela change beaucoup de choses selon que cette représentativité est validée par le Conseil d’Etat, faisant potentiellement jurisprudence pour des négociations à venir (à propos de la convention collective mais aussi dans les autres négociations inter professionnelles : Canal +, TV, etc…) ; ou selon que cette représentativité est invalidée par le Conseil d’Etat, l’API n’étant plus alors habilité à signer seul une négociation dans l’avenir.
4. La requête a pour seul objet l’annulation de l’extension de la convention collective par le gouvernement au 1° juillet 2013.
Si le Conseil d’Etat juge sur le fond que cette requête est justifiée, il annulera donc l’arrêté d’extension, reconnaitra que l’API n’est pas représentatif, à lui seul, et obligera de facto tout le monde à se remettre autour de la table pour une nouvelle signature. Mais pour la première fois, il sera devenu impératif qu’un autre syndicat de producteurs s’associe à l’API pour signer. Cela peut donc, potentiellement, redonner de la marge de négociations pour aboutir à une convention mieux adaptée à tous.
Prenant enfin la mesure de l’intégralité des enjeux et les intérêts à agir qui dépassent le strict cadre de cette convention, nous avons décidé de nous associer à ce recours.
Et d’affirmer ainsi notre fidélité à une certaine idée du cinéma. Celle d’un cinéma libre, audacieux, singulier, mais qui est malmené depuis des années, mal exposé dans les salles par les grands groupes d’exploitation et sous-financé de par les dérives du système.
Le vendredi 14 mars au matin, nous avons donc déposé, au nom de la SRF, une « intervention volontaire » auprès du Conseil d’Etat, en soutien à « la requête » de la CFDT, « contre l’arrêté du 1° juillet 2013 par lequel le ministre du travail a étendu la convention collective de la production cinématographique ».
Nous sommes impatients d’avoir vos réactions et vous engageons à nous écrire. Notes, témoignages, récits, nous publierons le plus grand nombre de textes possibles sur le nouveau site de l’association.
Bien amicalement,
Le Conseil d’Administration de la SRF.
Stéphane Brizé, Laurent Cantet, Malik Chibane, Catherine Corsini, Nicolas Engel, Frédéric Farrucci, Pascale Ferran, Robert Guédiguian, Agnès Jaoui, Cédric Klapisch, Helena Klotz, Sébastien Lifshitz, Katell Quillévéré, Christophe Ruggia, Pierre Salvadori, Céline Sciamma
- Convention collective cinéma
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LUNDI 17 MARS 2014 A LA MAISON DES ASSOCIATIONS (PARIS 10EME)
Animée par Stéphane Brizé et Malik Chibane.
- Audiovisuel
- CNC
- Financements
- Production
- SRF
LUNDI 17 MARS 2014 A LA MAISON DES ASSOCIATIONS (PARIS 10EME)
Animée par Stéphane Brizé et Malik Chibane.
Payante ou gratuite ? Rattrapage, VOD, plateformes et bouquets… les évolutions technologiques et économiques de notre secteur bouleversent les relations historiques entre cinéma et télévisions.
Vers un renouveau du modèle de financement et de diffusion de la création ?
Au cœur des « Assises du cinéma », à la veille des négociations avec le CNC et les chaînes, ce premier rendez-vous est l’occasion de faire le point sur la place, les enjeux et les perspectives du cinéma à la télévision.
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- SRF
Découvrez l'affiche et la sélection des films de la compétition des onzièmes rencontres européennes du moyen-métrage de Brive, qui auront lieu du 8 au 13 avril et organisées par la SRF !
- Festivals
- SRF
Découvrez l'affiche et la sélection des films de la compétition des onzièmes rencontres européennes du moyen-métrage de Brive, qui auront lieu du 8 au 13 avril et organisées par la SRF !
La photo de l'affiche est issue du film Cléo, de 5 à 7 d'Agnès Varda.
La compétition européenne 2014 :
'A IUCATA
de Michele Pennetta
2013 / Suisse / 38 min / Documentaire
ANIMAL SÉRÉNADE
de Béryl Peillard
2014 / France / 37 min / Fiction
ANOTHER HUNGARY
de Nagy Dénes
2013 / Hongrie / 50 min / Documentaire
BOY
de Julie Madsen
2013 / Danemark / 30 min / Documentaire
D'OÙ QUE VIENNE LA DOULEUR
de Khalil Cherti
2013 / France / 35 min / Fiction
ENNUI ENNUI
de Gabriel Abrantes
2013 / France / 30 min / Fiction
EXTRASYSTOLE
de Alice Douard
2013 / France / 35 min / Fiction
IL EST DES NÔTRES
de Jean-Charles Meurisse
2013 / France / 47 min / Fiction
JOANNA
de Aneta Kopacz
2013 / Pologne / 40 min / Documentaire
LES JOURS D'AVANT
de Karim Moussaoui
2013 / France/Algérie / 40 min / Fiction
KARAOKÉ DOMESTIQUE
de Inès Rabadan
2013 / Belgique / 30 min / Documentaire expérimental
KK (THE GIRL WITH THE DOG)
de Wiktor Ericsson
2013 / Suède / 30 min / Fiction
THE LOVE EQUATION OF HENRY FAST
de Agniesza Elbanowska
2013 / Pologne / 40 min / Documentaire
MAHJONG
de João Pedro Rodrigues & João Rui Guerra da Mata
2013 / Portugal / 33 min / Fiction
MÉTAMORPHOSES
de Shanti Masud
2014 / France / 50 min / Expérimental
OCÉAN
de Emmanuel Laborie
2013 / France / 30 min / Fiction
PAPA OOM MOW MOW
de Sébastien de Fonseca
2014 / France / 30 min / Fiction
PEINE PERDUE
de Arthur Harari
2013 / France / 37 min / Fiction
PETIT MATIN
de Christophe Loizillon
2013 / France / 34 min / Fiction
PRIDE
de Pavel G. Vesnakov
2013 / Bulgarie / 30 min / Fiction
SHADOW OF A CLOUD
de Radu Jude
2013 / Roumanie / 30 min / Fiction
SHOOT ME
de Narges Kalhor & Benedikt Schwarzer
2013 / Allemagne / 30 min / Documentaire
SUNNY
de Barbara Ott
2013 / Allemagne / 30 min / Fiction
TANT QU'IL NOUS RESTE DES FUSILS À POMPE
de Caroline Poggi & Jonathan Vinel
2014 / France / 30 min / Fiction
TOUT CE QUE TU NE PEUX PAS LAISSER DERRIÈRE TOI
de Nicolas Lasnibat
2013 France / 36 min / Fiction
Séances spéciales (Hors Compétition) :
MILLE SOLEILS
de Mati Diop
2013 / France / 45 min / Fiction
A JOURNEY TO THE WEST
de Tsaï Ming Liang
2014 / France / 56 min / Fiction
Retrouvez toutes les informations sur le site du festival de Brive http://www.festivalcinemabrive.fr
- Festivals
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Les réalisateurs de la Société des réalisateurs de films tiennent à faire part de leur immense tristesse à l'annonce de la disparition d'Alain Resnais.
Alain Resnais a toujours occupé une place exemplaire au sein du cinéma français.
Chacun de ses films, conçu comme un pur prototype, était pour lui l’occasion d’expérimenter de nouvelles formes narratives et esthétiques et de prendre tous les risques.
- Disparition
- SRF
Les réalisateurs de la Société des réalisateurs de films tiennent à faire part de leur immense tristesse à l'annonce de la disparition d'Alain Resnais.
Alain Resnais a toujours occupé une place exemplaire au sein du cinéma français.
Chacun de ses films, conçu comme un pur prototype, était pour lui l’occasion d’expérimenter de nouvelles formes narratives et esthétiques et de prendre tous les risques.
Se confrontant, dès les années 50, aux sujets les plus brûlants de l’Histoire du 20ème siècle, il a su allier pendant des décennies, la pensée la plus exigeante aux recherches formelles les plus audacieuses. Il a réinventé l’art du montage, mêlant constructions savantes et hypothèses narratives folles, flux de conscience et échappées vers l’imaginaire.
Cinéaste inclassable, il avait un goût immodéré pour le mélange des genres, l’hybridation, l’hétérogène. Sans aucun respect des hiérarchies préétablies, il aimait réconcilier les contraires : le cinéma expérimental et les plaisirs du spectacle, la science de laboratoire et le romanesque, la musique contemporaine et la variété française… Ce faisant, la profusion de ses sources d’inspiration (le théâtre bien sûr, mais aussi la bande dessinée, la littérature fantastique, le nouveau roman…) lui a permis de repousser sans cesse les frontières du cinéma.
En se réappropriant des textes le plus souvent écrits par d’autres (Duras, Robbe- Grillet, Jean Cayrol, David Mercer, Jean Gruault, Alan Ayckbourn, Bacri-Jaoui…), il a élevé la mise en scène cinématographique au rang des Beaux-Arts.
Son œuvre, constituée d’une succession de films uniques sur plus de soixante ans, est éblouissante.
Il se trouve qu’il y a deux mois, nous avions décidé de lui remettre le "Carrosse d'or" lors de la prochaine édition de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.
C'est avec émotion que nous lui remettrons malgré tout.
Ce prix est particulier.
Créé en 2002 par la SRF, c'est le seul prix destiné à un réalisateur choisi par d’autres réalisateurs.
Par cet hommage, nous voulions avant tout lui exprimer notre gratitude :
Lui dire combien ses films ont intimement compté pour nous dans notre désir de cinéma. Et combien ils nous sont précieux, aujourd'hui comme hier, pour résoudre certaines des questions que nous nous posons au cours de nos processus de création.
Nous savons qu’en raison même de leur ambition artistique, ses films étaient de plus en plus difficiles à financer. Mais, plus que tout autre, il aura toujours su s'adapter aux contraintes d’où qu’elles viennent, gardant jusqu'au bout une liberté de pensées et une inventivité hors du commun. En ces temps difficiles pour la création cinématographique, il est pour nous un modèle et un aiguillon.
Nous ne pourrons malheureusement pas lui dire de vive voix toute l'admiration que nous avions pour lui, mais nous le lui avions écrit.
Nous espérons qu'ainsi, il aura su à quel point nous l'aimions.
Le Conseil d’Administration de la SRF :
Stéphane Brizé, Laurent Cantet, Malik Chibane, Catherine Corsini, Nicolas Engel, Frédéric Farrucci, Pascale Ferran, Robert Guédiguian, Agnès Jaoui, Cédric Klapisch, Helena Klotz, Sébastien Lifshitz, Katell Quillévéré, Christophe Ruggia, Pierre Salvadori, Céline Sciamma
> Le Carrosse d'Or est parrainé pour la douzième année consécutive par CANAL+ CINEMA
- Disparition
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La SRF cherche son futur délégué général.
Après l’annonce du départ de Cyril Seassau, la Société des réalisateurs de films recrute un(e) délégué(e) général(e). Sous l’autorité directe du Conseil d’administration et des coprésidents, il sera en charge de l’animation, de la coordination des activités de l’association, de la mise en œuvre de son projet politique et de sa représentation.
- SRF
La SRF cherche son futur délégué général.
Après l’annonce du départ de Cyril Seassau, la Société des réalisateurs de films recrute un(e) délégué(e) général(e). Sous l’autorité directe du Conseil d’administration et des coprésidents, il sera en charge de l’animation, de la coordination des activités de l’association, de la mise en œuvre de son projet politique et de sa représentation.
En CDI, 35 heures hebdomadaires, poste basé à Paris (Xe arrt). Les candidatures, accompagnées d’un curriculum vitae et d’une lettre de motivation, sont à adresser par courriel uniquement à contact@la-srf.fr, au plus tard le 24 février à midi. Les entretiens auront lieu les 27 et 28 février.
Le poste est à pourvoir au plus vite.
> Fiche de poste ci-jointe.
- SRF
Cette année encore la SRF, Société des réalisateurs de films, était présente au Festival international du court-métrage à Clermont-Ferrand avec le Bar des réalisateurs.
Organisé avec le soutien de nos partenaires Canal +, Nikon et Eclair, ce rendez-vous incontournable du festival est l’espace où se retrouvent chaque soir tous les acteurs professionnels de la filière court-métrage. Il a rencontré une fois de plus un véritable succès en réunissant chaque soir plusieurs centaines de personnes !
- Court métrage
- Festivals
- SRF
Cette année encore la SRF, Société des réalisateurs de films, était présente au Festival international du court-métrage à Clermont-Ferrand avec le Bar des réalisateurs.
Organisé avec le soutien de nos partenaires Canal +, Nikon et Eclair, ce rendez-vous incontournable du festival est l’espace où se retrouvent chaque soir tous les acteurs professionnels de la filière court-métrage. Il a rencontré une fois de plus un véritable succès en réunissant chaque soir plusieurs centaines de personnes !
La SRF organisait également le jeudi 6 février au marché du Film un débat sur le thème du passage du court au long-métrage, animé par le réalisateur Frédéric Farrucci. En présence d‘une centaine de professionnels, deux cinéastes adhérents, Hélier Cisterne (Vandal, prix Louis-Delluc 2013 du premier film) et Thierry De Peretti (Les Apaches, Quinzaine des réalisateurs 2013) sont venus témoigner de leur expérience du premier long. Ils ont évoqué l’importance qu’avait eu pour eux la réalisation de plusieurs courts-métrages (voire l’envie d’en tourner à nouveau) et ont partagé avec passion les différentes étapes de fabrication de leur premier long.
> Retrouver l‘intégralité du débat en vidéo ci-dessous.
La SRF tient à féliciter l’ensemble des ses adhérents sélectionnés, chacun des cinéastes honorés, et tout particulièrement : Arthur Harari, Mention du Jury Télérama et Prix Etudiant de la Jeunesse pour Peine perdue et Frédéric Dubreuil, lauréat du prix Procirep.
La SRF organise également les Rencontres européennes du Moyen-Métrage de Brive qui auront lieu cette année du 8 au 13 avril.
Contact:
Cyril Seassau
01 44 89 99 65 / contact@la-srf.fr
> Découvrez en intégralité la vidéo du débat : passer du court au long-métrage, avec les cinéastes Hélier Cisterne et Thierry De Peretti, modéré par Frédéric Farrucci, cinéaste et membre du Conseil d'administration de la SRF.
- Court métrage
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Le Festival de Clermont-Ferrand représente une date essentielle pour le secteur du court-métrage, tant au niveau de la fréquentation du public que de la présence des professionnels du monde entier.
Le ROC déplore donc que, pour la première fois depuis de nombreuses années, la Ministre de la Culture et de la Communication et la Présidente du CNC soient absentes de cet événement.
- Court métrage
- SRF
Le Festival de Clermont-Ferrand représente une date essentielle pour le secteur du court-métrage, tant au niveau de la fréquentation du public que de la présence des professionnels du monde entier.
Le ROC déplore donc que, pour la première fois depuis de nombreuses années, la Ministre de la Culture et de la Communication et la Présidente du CNC soient absentes de cet événement.
En outre, depuis leurs prises de fonction, les professionnels du court métrage ne sont pas parvenus à les rencontrer, en dépit de questionnements et de sollicitations persistants.
Les dossiers ouverts ou à ouvrir, revêtant une importance particulière pour le secteur, sont pourtant nombreux, tels que le financement des films les plus fragiles, le passage du court au long métrage, le développement d’une politique européenne en matière de court métrage, la numérisation des festivals et des films, la baisse des crédits DRAC et de nombreuses collectivités territoriales, l’accompagnement de la diffusion du court métrage en salles, sur les chaînes de télévision et sur les nouveaux médias.
Le ROC tient à rappeler le rôle essentiel du court métrage dans la recherche et le développement cinématographiques, la transmission des savoirs et l’insertion professionnelle, la démocratisation culturelle, l’animation du territoire, l’éducation à l’image …
Il nous semble que ces éléments doivent être au coeur d’une politique cinématographique favorisant la création et le lien avec les publics.
Nous souhaiterions donc vivement connaître les objectifs politiques pour le court métrage en 2014 de Madame la Ministre de la Culture et de la Communication et de Madame la Présidente du CNC.
Créé en 2006, le ROC rassemble le SPI, la SRF, le SFA-CGT, l’Agence du court métrage, la Maison
du film court, Carrefour des festivals et Sauve qui peut le court métrage et s’attache à garantir la
pérennité et la diversité de la création et de la production des oeuvres de format court, notamment en
termes de financement et de diffusion.
Contact :
Juliette Prissard-Eltejaye - SPI
Cyril Seassau - SRF
- Court métrage
- SRF
Nous sommes heureux de pouvoir vous annoncer (enfin !) l’ouverture du nouveau site de la SRF qui a été entièrement repensé. Nous espérons qu'il vous plaira et remplira joyeusement sa mission : devenir un réel outil d'échanges et de partage.
- SRF
Nous sommes heureux de pouvoir vous annoncer (enfin !) l’ouverture du nouveau site de la SRF qui a été entièrement repensé. Nous espérons qu'il vous plaira et remplira joyeusement sa mission : devenir un réel outil d'échanges et de partage.
Grâce à lui, nous aimerions améliorer la communication avec vous, en vous tenant au courant plus régulièrement qu'aujourd'hui de nos activités, des réflexions en cours, des débats qui animent la profession et des positionnements de l'association.
Vous tenir au courant mais aussi et surtout recueillir vos propres points de vue, via le BLOG qui est une rubrique nouvellement créé sur le site.
Mais, par ailleurs, rien ne remplace l’échange en direct.
Ce pourquoi nous vous donnons rendez-vous :
le 4 MARS 2014, à 19h, au Point Éphémère (200, Quai de Valmy, 75010 Paris)
Une rencontre ouverte à tous les adhérents, pour aborder ensemble les importants dossiers qui occupent ce début d'année, en particulier la concertation au CNC à partir des propositions du Rapport Bonnell et du groupe 6.6.6. (réal/tech/prod) et les négociations avec France Télévisions.
En espérant vous y retrouver nombreux,
Bien amicalement,
Le Conseil d'administration de la SRF : Stéphane Brizé, Laurent Cantet, Malik Chibane, Catherine Corsini, Nicolas Engel, Frédéric Farrucci, Pascale Ferrran, Robert Guédiguian, Agnès Jaoui, Cédric Klapisch, Héléna Klotz, Sébastien Lifshitz, Katell Quillévéré, Christophe Ruggia, Pierre Salvadori, Céline Sciamma.
- SRF
Cette année encore la Société des réalisateurs de films est présente au Festival de Clermont-Ferrand avec le Bar des réalisateurs et un débat : passer du court au long-métrage, avec Hélier Cisterne, Thierry De Peretti et Frédéric Farrucci.
- Court métrage
- Festivals
Cette année encore la Société des réalisateurs de films est présente au Festival de Clermont-Ferrand avec le Bar des réalisateurs et un débat : passer du court au long-métrage, avec Hélier Cisterne, Thierry De Peretti et Frédéric Farrucci.
Organisé depuis une dizaine d’années par la SRF, dans le but de permettre aux réalisateurs de tisser des liens avec les différents acteurs de la filière court métrage, le Bar des réalisateurs est un lieu convivial de rencontre entre les professionnels, unique pendant le festival.
à l’Hôtel Océania, en face de la Maison de la Culture
(82, bd F. Mitterrand, Clermont-Ferrand)
Venez nous retrouver !
> Jeudi 6 : Bar spécial CANAL +
> Plus d’infos sur https://www.facebook.com/bardelaSRFclermont
Avec le soutien de nos partenaires :
>> ET VENEZ ASSISTER AU DÉBAT DE LA SRF
"Passer du court au long-métrage" - JEUDI 6 FÉVRIER - 14h30
à l'Espace Forum dans le Marché du film
« Passer au long » est l’objectif d’un grand nombre de réalisateurs de courts métrages.
Or, il n’existe pas de passerelle automatique entre le court et le long métrage, et les parcours de réalisateurs de premiers films sont variés.
Cette année, la SRF invite deux de ses cinéastes adhérents à venir évoquer les étapes qu’ils ont eu à franchir pour que leur premier long-métrage voie le jour en 2013. Ils témoigneront de leur expérience et échangeront avec les réalisateurs de court métrage présents au festival.
Avec les cinéastes Hélier Cisterne et Thierry de Peretti
Modérateur : Frédéric Farrucci (réalisateur, membre du CA de la SRF)
CONTACT SRF @ Clermont-Ferrand : Hélène Rosiaux
hrosiaux@la-srf.fr
06 30 55 70 35
- Court métrage
- Festivals
Les réalisateurs de la Société des réalisateurs de films (SRF) ont lu avec intérêt le rapport de René Bonnell et ses annexes, rédigés dans le cadre des Assises de la diversité du cinéma.
Un certain nombre de propositions nous semble des pistes intéressantes, à même de répondre à certains problèmes réels de production et de distribution des films.
- Aides publiques
- Chronologie des médias
- Distribution
- Exploitation
- Financements
- Longs métrages
- SRF
- Production
Les réalisateurs de la Société des réalisateurs de films (SRF) ont lu avec intérêt le rapport de René Bonnell et ses annexes, rédigés dans le cadre des Assises de la diversité du cinéma.
Un certain nombre de propositions nous semble des pistes intéressantes, à même de répondre à certains problèmes réels de production et de distribution des films.
Mais nous sommes surpris par la philosophie générale du texte qui nous semble ressortir d’une vision exclusivement économiste du secteur, cherchant parfois davantage à protéger les intérêts des groupes les plus puissants qu’à préserver la puissance singulière des œuvres. Ainsi, d’un côté, le rapport Bonnell appelle à la suppression de la sortie en salle des « films les plus fragiles » et, de l’autre, propose de favoriser encore un peu plus des dynamiques de concentration, dont on sait pourtant à quel point elles peuvent être catastrophiques pour la diversité du cinéma.
Si notre art s'inscrit dans une industrie qui réclame aujourd'hui une mutation de ses systèmes de financements, il n'est pas concevable d'envisager ces réformes sans prendre en compte la spécificité artistique des films.
Nous regrettons l'absence d'une réflexion de fond sur l'exploitation qui est une clé de voûte de notre secteur. Et nous sommes déçus des préconisations à propos de la jeune création, alors qu’elle devrait être au cœur des préoccupations de tous puisqu’elle conditionne notre avenir.
Le cinéma français puise sa longévité dans sa capacité à s’adapter régulièrement aux nouveaux défis structurels auxquels il doit faire face. Mais il a toujours connu ses plus grandes réussites au travers d'une audace artistique qui ne peut s'envisager sans une grande ambition culturelle de ses politiques publiques.
Nous espérons que c'est ce qu'a voulu rappeler Mme la Ministre de la culture en énonçant les grands axes de la concertation à venir - dont elle a confié l’organisation au CNC - sur le financement de la diversité, l’amélioration de la diffusion des films et de la transparence de leurs coûts. La question de la diffusion numérique des œuvres traverse évidemment l’ensemble de ces problématiques.
Nous espérons que ces négociations seront mises en place avec tous les maillons de la chaine, de l’écriture à l’exploitation des films, et que ceux qui les conçoivent et les fabriquent (scénaristes, réalisateurs, techniciens) pourront y prendre toute leur part afin de trouver ensemble les axes concrets et durables de réformes trop attendues.
Contact : Cyril Seassau, Délégué général
T 01 44 89 99 65 - contact@la-srf.fr
- Aides publiques
- Chronologie des médias
- Distribution
- Exploitation
- Financements
- Longs métrages
- SRF
- Production
Le BLOC (Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma), qui regroupe 14 organisations professionnelles du cinéma représentant les auteurs, scénaristes, réalisateurs, producteurs, distributeurs, éditeurs, exploitants, agents, artistes-interprètes et techniciens a désigné ses deux coprésidents pour l’année 2014 : Gilles Sacuto (SPI) et Malik Chibane (SRF).
- Longs métrages
- SRF
Le BLOC (Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma), qui regroupe 14 organisations professionnelles du cinéma représentant les auteurs, scénaristes, réalisateurs, producteurs, distributeurs, éditeurs, exploitants, agents, artistes-interprètes et techniciens a désigné ses deux coprésidents pour l’année 2014 : Gilles Sacuto (SPI) et Malik Chibane (SRF).
Gilles Sacuto, membre du bureau du SPI, a été désigné comme coprésident au titre des producteurs. Associé au sein de T.S Productions, il a produit une vingtaine de longs métrages parmi lesquels « Mademoiselle Chambon » et « Quelques heures de printemps » de Stéphane Brizé, « Séraphine » et « Violette » de Martin Provost, « Violence des échanges en milieu tempéré » de Jean-Marc Moutout, « Le Fils de l'épicier » de Éric Guirado, « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti...
Malik Chibane, membre du bureau de la SRF, a été désigné comme coprésident au titre des réalisateurs. Il a réalisé une dizaine de films pour le cinéma et la télévision, de fiction et documentaires, dont « Hexagone », « Douce France », « Le choix de Myriam » ou « Pauvre Richard », sorti en janvier 2013.
En cette année 2014, le BLOC entend mettre au coeur des enjeux les questions liées à la diversité de la création et de la diffusion cinématographique, dans un contexte technologique et concurrentiel tendu, en défendant une politique culturelle ambitieuse et diversifiée, garante du rayonnement artistique national et international du cinéma français.
- Longs métrages
- SRF
Les réalisateurs de la SRF sont indignés de la campagne nauséabonde dont est l'objet le film Tomboy de Céline Sciamma.
Les milieux traditionalistes qui demandent son retrait du programme d'éducation artistique École et cinéma avancent comme à leur habitude des arguments moralistes que l'on pensait relever d'un autre âge.
- SRF
Les réalisateurs de la SRF sont indignés de la campagne nauséabonde dont est l'objet le film Tomboy de Céline Sciamma.
Les milieux traditionalistes qui demandent son retrait du programme d'éducation artistique École et cinéma avancent comme à leur habitude des arguments moralistes que l'on pensait relever d'un autre âge.
Nous souhaitons rappeler à cette occasion que notre liberté de création ne peut être entravée, non plus que la liberté pédagogique des enseignants qui chaque jour étudient des œuvres de fiction dans leurs classes comme dans les dispositifs d'éducation artistique.
Nous demandons aux Ministres de l'Éducation nationale et de la Culture de mettre rapidement et fermement un terme à cette polémique.
Et nous assurons de notre soutien total Céline Sciamma ainsi que le réseau École et cinéma et les enseignants qui doivent pouvoir continuer de diffuser son film dans un climat apaisé au plus vite.
La SRF
Contact : Cyril Seassau, Délégué général
T 01 44 89 99 65 - contact@la-srf.fr
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