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Hommage | Peter Watkins
06 Novembre 2025
Les cinéastes de la SRF tiennent à rendre hommage à Peter Watkins, décédé le 31 octobre dernier dans la Creuse, à l’âge de 90 ans.
Libre penseur, inventeur inclassable et solitaire, il a su dans ses quelques douze longs métrages, qui furent à chaque fois des événements, créer une œuvre monumentale où l’audace formelle est l’autre nom de l’exigence du politique.
Hybridant les atours du documentaire et de la fiction dans un jeu de renversements multiples où l’un est tapis dans l’autre – au point que son film, La Bombe, une fiction jouée par des acteurs amateurs, a reçu l’Oscar du meilleur documentaire en 1967 –, son œuvre démontre que seul compte le travail de la mise en scène pour rencontrer au plus près la réalité au cinéma.
Car c’est bien cette réalité dans toute sa complexité qu’il aura rendue sensible dans chacun de ses films, aux durées hors norme, conçus comme autant de manifestes pour contrer l’hégémonie esthétique et idéologique des grands médias auxquels il associait Hollywood. Il y offrait à tout un chacun la possibilité de remettre en mouvement les idées, les affects et les effets très concrets des prises de décision des puissants et des grands événements sur les individus. Et de rejouer ainsi, entre autres, l’insurrection de Budapest (Forgotten Faces (1961), La Bataille de Culloden (1964) qui voit l’Écosse s’incliner devant l’Angleterre, la fusillade de l’Université de Kent en 1970 où la garde nationale a tiré sur des étudiants pacifistes pendant des manifestations dénonçant la guerre du Viêt Nam sous Nixon (Punishment Park, 1971)…
Avec ses films, l’énergie qui se noue dans les enjeux de l’Histoire devient profondément organique : c’est pourquoi elle persiste en chacune et en chacun, à l’écran comme dans la salle, fut-ce par un cri – un cri par lequel sans doute chez lui s’origine le politique. Et ce cri, Edvard Munch, la danse de la vie (1974), peut-être son chef d’œuvre, le met en scène, portrait génial du peintre norvégien avec lequel il s’est reconnu des affinités dans le travail de sublimation de ses tourments par l’art, film magnifique, film manifeste de près de quatre heures, où les personnages n’ont de cesse de prendre la caméra à témoin de leur regard : ils s’adressent au public, qui devient à la fois leur contrechamp et l’intercesseur de leur désir – procédé qu’il reprendra dans sa dernière œuvre, La Commune, Paris, 1871 (2000).
Peter Watkins restera comme un cinéaste de la liberté qui veut de faire de chacune et de chacun un acteur et une actrice de son désir et de sa vie.
La Société des réalisatrices et réalisateurs de films
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