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Communiqué | Les cinéastes sont des autrices et des auteurs, pas des communicants
06 Octobre 2025
Le film Rembrandt de Pierre Schoeller, sorti en salles le 24 septembre dernier et interprété par Camille Cottin et Romain Duris, est l’objet d’une campagne de discrédit organisée par des associations lobbyistes pro nucléaires particulièrement offensive : création d’un site internet dédié dont l’objectif affiché est de "rétablir la vérité scientifique", envoi à deux reprises d’un communiqué de presse aux principaux médias en ce sens, et appel à des bénévoles pour des tractages devant des cinémas programmant le film pour le dénigrer – tractages qui ont effectivement eu lieu. Ceci accompagné de propos agressifs et diffamatoires sur les réseaux sociaux pour qualifier tout à la fois le film d'être complotiste, une œuvre de fiction – c’est à-dire "fantaisiste" – et de propagande, avec la sempiternelle charge mensongère contre le cinéma français et son financement.
Si nous sommes attachés au libre exercice de la critique, même virulente, cette campagne, organisée bien en amont de la sortie du film, s’en détache et est particulièrement inquiétante à plus d’un titre.
D’abord, l’argument principal utilisé est d’accuser Rembrandt d’être au service d’une idéologie ("anti nucléaire") en assimilant fiction et manipulation. Ce type d’attaques, de plus en plus fréquentes, risque de conduire à la disparition même de la notion d’œuvre d'auteur – y compris d’œuvres dont on a besoin comme support de discussion – puisque toute œuvre est désormais soupçonnée d’être au service d’une idéologie.
Ensuite, les moyens employés utilisés contre un film indépendant, et les arguments d’autorité autoproclamés, visent en réalité à tuer dans l’œuf toute tentative de figuration d’une question pourtant cruciale, qui relève du bien commun et du débat démocratique, l’énergie, dans laquelle les œuvres de l’esprit ont toute leur place.
Enfin, à terme, de telles pressions sur les cinéastes et leurs films visent à produire des phénomènes d’autocensure : les auteurs et les producteurs finiront par ne plus oser travailler sur certains sujets de peur de faire l’objet de telles campagnes de lobbying. Aujourd’hui l’industrie nucléaire, et demain quoi ?
Nous tenons donc à rappeler que les cinéastes sont des autrices et des auteurs, pas des communicants. Nous défendrons à chaque fois qu’elles seront menacées les œuvres de cinéma, fictions ou documentaires, comme moyen d'interroger le réel.
Contacts presse
Rosalie Brun : rbrun@la-srf.fr – 06 80 53 45 84


