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Communiqué | La guerre de 12 jours entre Israël et l'Iran ne nous a pas rendus aveugles au désastre toujours en cours à Gaza, qui empire chaque jour

27 Juin 2025

Des images en nombre nous parviennent toujours de Gaza, comme depuis le début de l’offensive israélienne menée en représailles aux massacres terroristes du 7 octobre 2023 en Israël et à la prise d’otages perpétrés par le Hamas, et ce malgré le blocus imposé aux médias étrangers.

Une image isolée, photo ou vidéo, est juste une image, un fragment du réel. Mais placées côte à côte ou les unes après les autres, les images forment ensemble une matrice susceptible de figurer avec justesse un évènement : pour peu que l’on veuille vraiment voir ce que l’on voit, les images de Gaza documentent et attestent les récits qui en proviennent. Pour la première fois peut-être dans l’Histoire, il nous est possible de voir depuis l’intérieur un désastre humanitaire en train de se faire et qui continue :

Nous avons vu chaque jour les corps des morts, parmi eux des enfants et des femmes en majorité – des dizaines de milliers depuis le début de l’offensive – tout comme les blessés, les amputés, handicapés à vie – 100 000 a minima ;

Nous avons vu le chaos humanitaire, la famine, les files d’attentes aux points de distribution alimentaire, les enfants décharnés et les cadavres des bébés morts de faim ou de froid ;

Nous avons vu le long de la côte la mer des tentes de fortune et les innombrables cohortes des déplacés de force par les incessants ordres d’évacuation – 90 % de la population a été déplacée 5 fois en moyenne depuis le début de l’offensive, trouvant à chaque fois un territoire plus exsangue encore ;

Nous avons vu l’humiliation publique faite aux otages libérés par le Hamas et l’utilisation comme bouclier humain de la population par cette même organisation terroriste, prête au sacrifice du peuple dont pourtant elle se réclame ;

Nous avons vu des responsables du gouvernement d’extrême droite israélien déshumaniser les gazaouis et proférer à leur encontre leur volonté exterminatrice, affirmer ouvertement leur désir d’anéantissement et d’occupation définitive du territoire avec déportation de sa population ;

Nous avons vu les assassinats délibérés par l’armée israélienne des témoins et des curieux, le ciblage des intellectuels, des artistes, des photographes, des « droniers » systématiquement attaqués et des journalistes – plus de 200 journalistes gazaouis en sont morts depuis le début de l’offensive, dont 44 dans l’exercice de leur métier, avec le sigle Presse visible sur eux ;

Nous avons vu les enfants hagards et décharnés qui errent dans les décombres à la recherche de nourriture alors que l’armée israélienne détruit jusqu’aux ruines elles-mêmes – bientôt il n’y aura même plus de ruines à Gaza, ce qui rend si précieux ces images-traces ;

Nous avons vu bien d’autres choses encore – les hôpitaux bombardés, les lieux de cultures pulvérisés, le patrimoine anéanti, les plantations saccagées… 

Et depuis des semaines, les dizaines de personnes tuées quasi quotidiennement par l’armée israélienne dans les files de distribution de l’aide humanitaire.    

Nous avons constaté avec ces images que Gaza n’est pas Auschwitz, ni Varsovie ou Hiroshima, Dresde, Sarajevo, Kigali, Grozny, Alep, Boutcha, Khartoum ou Goma. Gaza est Gaza et ce qui s’y déroule est inédit. Mais là encore, notre commune humanité y est en jeu.

Quelle que soit l’évolution du cessez-le-feu en cours entre Israël et l’Iran, nous joignons nos voix à celles qui exigent la cessation immédiate de ces massacres et de cette famine organisée, comme du siège commencé il y a 16 ans, bien avant le 7 octobre 2023 ; à celles qui exigent en même temps la libération des otages vivants et la restitution des corps de ceux morts au cours de leur captivité, ainsi que la libération des prisonniers politiques palestiniens et la fin de l’emprise islamiste sur l’enclave.

Il ne s’agit pas ici seulement de s’indigner au nom de la morale. Ce qui se passe à Gaza est aussi une affaire de justice, de légalité, de droit : un État moderne qui se prévaut comme Israël d’un fonctionnement démocratique et le revendique haut et fort doit se soumettre aux règles du droit. Il faudra donc continuer à poursuivre et à juger tous les auteurs de ces actes, et qualifier ces actes pour ce qu’ils sont : des éléments de preuves de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ont d’ores et déjà été constitués des deux côtés, et le risque de génocide de la population palestinienne à Gaza figure dans une ordonnance de la plus haute juridiction de l’ONU (la CJI), quand, tout récemment, le terme de génocide a été retenu par une juridiction française pour qualifier la situation dans l’enclave.

Nous exigeons que le gouvernement français cesse de tergiverser et reconnaisse immédiatement l’existence d’un état palestinien.

Nous exigeons aussi que l’Europe, comme elle semble l’envisager, remette en cause sans délai les accords de coopération signés avec Israël, soumis à l’obligation du respect des normes humanitaires et du droit international – ce qui n’est à l’évidence pas le cas.

Nous exigeons également que nos dirigeants stoppent immédiatement les livraisons d’armes à Israël sous quelque forme que ce soit. 

Nous exigeons encore qu’ils garantissent le bon fonctionnement de la justice internationale, conçue précisément pour empêcher que ne se reproduisent les crimes contre l’humanité et les actes de génocide commis pendant et avant la Seconde Guerre mondiale : attaqués de front par l’actuelle administration américaine et par les dirigeants d’Israël, dont deux sont visés par des mandats d’arrêts émis par sa chambre préliminaire, la CPI et ses juges requièrent un soutien sans faille des véritables démocraties soucieuses du droit et de la prévention des crimes de masse.

Nous exhortons la communauté internationale, dont nous déplorons l’impuissance jusqu’alors, à travailler vraiment à une solution de paix juste et pérenne entre ces deux peuples d’une même région partagée, et ce dans un contexte de risque d’embrasement général au Moyen-Orient. Pour cela il faut immédiatement que cesse la colonisation en cours en Cisjordanie.

Nous défendons ces objectifs loin de toute surenchère verbale où s’inviteraient très rapidement d’inévitables antagonismes culturels et religieux, loin de tout anathème définitif, jugement généralisé ou ressentiment envers ceux qui les refusent, sans nous réclamer d’un camp ou de l’autre, dans la certitude que notre exigence est juste.

Enfin, nous nous engageons collectivement, dans nos vies d’êtres humains et de cinéastes – la distinction est ténue – à ne jamais oublier les victimes de ce désastre et à œuvrer à l’aune de ces images arrachées à la Géhenne gazaouie – c’est-à-dire à les reprendre, les travailler, les prolonger – pour qu’elles demeurent à jamais dans les consciences. 

Y aura-t-il encore un sens à clamer : plus jamais ça ?

 

La Société des réalisatrices et réalisateurs de films

Contacts presse

SRF - Rosalie Brun, déléguée générale - rbrun@la-srf.fr - 06 80 53 45 84

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Pascale Breton présente Les Rendez-vous d'Anna de Chantal Akerman

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13 Octobre 2025
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Directors' Club #2 | Yves Jeuland

Yves Jeuland présente Les Lumières de la ville de Charlie Chaplin

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22 Septembre 2025
19h30

Directors' Club #1 | Caroline Deruas Peano

Caroline Deruas Peano présente Walkabout de Nicolas Roeg

Paris

Cinéma Grand Action