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Communiqué de presse
Le 27 novembre 2020
Le cinéma s'élève contre la proposition de loi "Sécurité Globale"
Lieu de rassemblement - Marche des libertés - Samedi 28/11 à 14h
La proposition de loi "Sécurité Globale" est dangereuse et liberticide. Elle met en péril notre liberté de filmer. Les événements qui se sont déroulés à Paris ces derniers jours, le démantèlement dans la violence d'un camp d'exilés par les forces de l'ordre, le passage à tabac d'un producteur de musique par trois policiers, les dernières révélations autour de l'affaire Théo, nous rappellent pourtant encore une fois la nécessité des images, seul recours pour les victimes.
La SRF fait partie de la coordination des organisations contre cette proposition de loi. Le 12 novembre dernier, elle a publié dans Libération une tribune "Police partout, images nulle part" rassemblant les signatures de plus de 800 cinéastes et 40 organisations.
Elle appelle désormais au rassemblement de toute la profession ce samedi 28 novembre dans le cadre de la Marche des libertés.
Cinéastes, acteurs, producteurs, techniciens, seront présents en nombre pour manifester leur opposition, à partir de 14h au point de rassemblement : devant le magasin Habitat, 10 place de la République.
La coordination, représentée par Maître Arié Alimi de la Ligue des Droits de l'Homme, se pourvoit en référé au tribunal administratif aujourd'hui même, pour contester l'interdiction de la marche par le Préfet de police de Paris. Dans tous les cas, le rassemblement se tiendra, même si la marche reste interdite. 70 rassemblements sont par ailleurs prévus dans toute la France ce samedi.
Contact presse : Rosalie Brun / rbrun@la-srf.fr / 01.44.89.62.58
Avec Thomas Salvador, Noémie Lvovsky, Judith Davis et Hafsia Herzi (par Zoom), modérée par Lucie Borleteau
Buster Keaton, Agnès Varda, Elia Suleiman, François Truffaut, Nanni Moretti, Chantal Akerman... Depuis la création du cinéma, des réalisateurs et des réalisatrices ont fait le choix de se placer à la fois devant et derrière la caméra. Mais qu'advient-il du cinéaste lorsqu'il est dans le plan ? Comment est-ce que le cinéma s'incarne-t-il lorsque le corps du filmeur est également le corps filmé ?Quels rapports cette configuration si particulière engendre-t-elle au sein d'une équipe de tournage ?
L'Ecole de la SRF a souhaité proposer à des acteurs-réalisateurs et à des actrices-réalisatrices d'évoquer ce sujet riche et fondateur dans le cadre de deux rencontres dont voici la première vidéo, tournée à l'Entrepôt le 30 novembre 2020.
- Ecole
Avec Thomas Salvador, Noémie Lvovsky, Judith Davis et Hafsia Herzi (par Zoom), modérée par Lucie Borleteau
Buster Keaton, Agnès Varda, Elia Suleiman, François Truffaut, Nanni Moretti, Chantal Akerman... Depuis la création du cinéma, des réalisateurs et des réalisatrices ont fait le choix de se placer à la fois devant et derrière la caméra. Mais qu'advient-il du cinéaste lorsqu'il est dans le plan ? Comment est-ce que le cinéma s'incarne-t-il lorsque le corps du filmeur est également le corps filmé ?Quels rapports cette configuration si particulière engendre-t-elle au sein d'une équipe de tournage ?
L'Ecole de la SRF a souhaité proposer à des acteurs-réalisateurs et à des actrices-réalisatrices d'évoquer ce sujet riche et fondateur dans le cadre de deux rencontres dont voici la première vidéo, tournée à l'Entrepôt le 30 novembre 2020.
- Ecole
POLICE PARTOUT, IMAGES NULLE PART
La tribune écrite par la SRF en réaction au projet de loi "pour une sécurité globale" rassemble les signatures et soutiens de plus de 800 cinéastes et professionnel.le.s de l'image et d'une quarantaine d'organisations et collectifs.
Le 14 septembre dernier, les cinéastes de la SRF, à travers un texte intitulé « L’œil et la main de Darmanin », dénonçaient la volonté du ministre de l’intérieur d’exiger que les médias et les réseaux sociaux floutent les visages des policiers en opération.
Cette volonté s’est transformée en un projet de loi au titre glaçant : « Sécurité Globale ». Passé en commission des lois la semaine dernière, il sera débattu à l’Assemblée le 17 novembre prochain.
En trois articles (21, 22, 24), le gouvernement se propose de déréguler l’utilisation des caméras mobiles portées par les forces de l’ordre, de permettre la reconnaissance faciale en temps réel, d’étendre la surveillance par drone, d’interdire au public de diffuser l’image de policiers.
Cette loi, dont le rédacteur principal est l’ancien chef du RAID, préfigure une société gouvernée par la peur où les citoyen.ne.s, privé.e.s du droit de porter un regard sur les agissements de la police, verraient en retour leurs corps exposés sans limite à la surveillance des forces de l’ordre. Elle dessine un paysage asymétrique, sorte de panoptique géant, où nos libertés fondamentales sont gravement menacées, en premier lieu le droit à la vie privée et la liberté d’information.
Après avoir progressivement entravé les manifestations de rue et grièvement blessé ou mutilé des dizaines de personnes, il s’agit désormais de systématiser l’identification, la surveillance, le fichage des individus souhaitant exercer ce droit fondamental. Après avoir nié et invariablement refusé de sanctionner les violences policières, il s’agit désormais d’en effacer toute preuve, dans la mesure où seules les images tournées par des filmeurs anonymes permettent aujourd’hui d’en témoigner.
Pour nombre de cinéastes, cette loi constituerait une censure pure et simple. Un film tel que le récent Un pays qui se tient sage de David Dufresne ne pourrait voir le jour, la majorité des sources d’images qu’il utilise tombant sous le coup de la loi.
À l’hégémonie grandissante des images du pouvoir, les cinéastes, les photographes, les journalistes, ainsi que tou.te.s les habitant.e.s de ce pays doivent être en mesure d’opposer leurs propres images. Rappelons que l’état de droit tire avant tout sa légitimité du droit de porter un regard sur ce que fait l’État.
Mesdames et messieurs les député.e.s, nous ne voulons pas d'un monde de surveillance généralisée, régi par un œil tout puissant sur lequel aucun regard ne pourrait se porter. Ne votez pas pour une loi qui rendrait les contre-pouvoirs aveugles, ils sont les garants de notre démocratie.
Communiqué de presse
Le 13 novembre 2020
Le Regard Kaplan
C’est avec une tristesse particulière que nous avons appris le décès à 89 ans de Nelly Kaplan, l'une des premières femmes à devenir cinéaste en France, à une époque où la « profession » était résolument masculine.
Arrivée au cinéma comme assistante d'Abel Gance dans les années 50, la jeune Nelly Kaplan réalise huit courts documentaires sur les arts, dont Le Regard Picasso, Lion d'Or du meilleur court-métrage à Venise en 1967. En parallèle, elle écrit et publie sous pseudonyme des récits érotiques, tous censurés, dont les titres font rêver : Géométrie dans les Spasmes, Délivrez-nous du Mâle, La Reine des Sabbats, Mémoires d'une liseuse de draps. Tout au long de sa vie, elle poursuit une carrière d'écrivaine, de scénariste, de réalisatrice et d'actrice.
Nelly Kaplan a ouvert la voie à une liberté sexuelle joyeuse au féminin, avec la Fiancée du Pirate en 1969. « J'ai senti mon film comme un hommage au cinéma et j'ai voulu que celui-ci joue un rôle capital dans l'histoire. La vision de La Comtesse aux pieds nus aide Marie à se libérer, et le cinéma lui fait découvrir que l'univers ne se limite pas à ce coin de campagne perdu, qu'il existe quelque chose ailleurs » : Nelly Kaplan a inventé un cinéma émancipateur, palpitant du souffle du féminisme et de l’anarchisme harmonieusement mêlés. Elle a offert un visage à notre rébellion. L’audace qu’elle nous intime d’avoir dans ses films, qu’elle nous laisse en héritage, nous réchauffe le cœur.
En apprenant sa mort, on a envie de réécouter la ritournelle de Barbara jouée inlassablement sur le tourne-disques de l’héroïne libertine et libertaire de La Fiancée du Pirate, incarnée par une Bernadette Lafont à la pétulance si moderne. Pour paraphraser la chanson, on l'imagine qui se balance, s'offrant à tous les vents sans réticence... Dégrafons les cols blancs de nos consciences, allons-nous balancer au soleil de minuit de ses nuits blanches en (re)découvrant les films de Nelly Kaplan.
Le Conseil d'administration de la SRF
Contact presse : rbrun@la-srf.fr / 01.44.89.62.58
Mettre en scène l'époque : une École de la SRF avec Laurent Cantet, Claire Denis et Emmanuel Gras, modérée par Maxence Voiseux
Comment le cinéaste s'empare-t-il des enjeux politiques et sociétaux qui lui sont contemporains ? Dans un temps disséminé et numérique, comment peut-il filmer et mettre en scène le battement de notre époque ? Le simple fait de filmer est-il un geste politique ?
Enregistrée au cinéma La Clef, le 11 octobre 2020
- Ecole
Mettre en scène l'époque : une École de la SRF avec Laurent Cantet, Claire Denis et Emmanuel Gras, modérée par Maxence Voiseux
Comment le cinéaste s'empare-t-il des enjeux politiques et sociétaux qui lui sont contemporains ? Dans un temps disséminé et numérique, comment peut-il filmer et mettre en scène le battement de notre époque ? Le simple fait de filmer est-il un geste politique ?
Enregistrée au cinéma La Clef, le 11 octobre 2020
- Ecole
Communiqué
Le 15 octobre 2020
Couvre-feu ou éteignoir ?
Monsieur le Président,
Après avoir pris toutes les mesures pour que l'expérience du cinéma, du spectacle vivant, soit la plus sûre possible, après avoir rouvert courageusement nos salles, l'annonce du couvre-feu est un coup de poignard pour la culture.
En tant que cinéastes, nous sommes au cœur de cette tempête. On peut faire la liste des films qui sont déjà en salles et ceux dont les sorties sont prévues d'ici le 1er décembre. On peut faire la liste des réalisateurs qui ont fait ces films. On peut faire la liste des équipes qui ont travaillé sur ces films. On peut faire l'addition des budgets engagés dans la production et la promotion de ces films. Et tout rayer d'un trait...
Que comptez-vous faire pour que ces films puissent voir le jour ? Que comptez-vous faire pour les salles, les distributeurs, les producteurs, qui vacillent les uns après les autres ? Pour les théâtres, les salles de concert et pour tous les lieux où des œuvres sont accessibles ? La prise en charge des pertes de la restauration est annoncée. Pas la nôtre. La culture est sacrifiée.
Pourtant dans nos salles, les risques ont été considérablement minimisés. Certainement pas moins que dans les bureaux, les bus ou les métros.
La culture n’est pas un luxe mais une nécessité. Là où le couvre-feu s’applique, il est nécessaire qu’une sortie au cinéma ou au théâtre constitue un laissez-passer, a minima en première partie de soirée. Il en va de la survie de notre industrie, et de bien plus encore.
Depuis le confinement, six mois se sont écoulés au cours desquels vous auriez pu donner les moyens à l'hôpital public pour se préparer à cette deuxième vague. Aujourd’hui, face à l'urgence, votre gouvernement décide seul de l’indispensable et du dispensable, à la faveur d’une vie sociale réduite au travail productif. Nous affirmons, Monsieur le Président, que la culture sera toujours une « bonne raison » de circuler.
Les cinéastes de la SRF
Communiqué
Le 18 septembre 2020
Un avenir pour le cinéma La Clef
La SRF soutient avec la plus grande ardeur les collectifs associatifs réunis derrière l’association Home Cinema qui occupent depuis septembre 2019 le cinéma La Clef, rue Daubenton à Paris et doivent comparaître en appel au Tribunal d'Instance de Paris le 21 septembre prochain.
Avec courage, ces bénévoles passionnés, venant de tous les horizons, assurent la continuité et la vitalité d'un cinéma qui défend depuis près de cinquante ans la diversité des regards et la présence en salle de toutes les cinématographies.
Depuis que l'association Home Cinema investit ce lieu, La Clef est plus vivante que jamais. Chaque soir, sa programmation aussi pointue que variée attire un public nombreux, venu apprécier le 7e art, en parler, se rencontrer.
Sa démarche rencontre un véritable succès populaire, insufflant en ces temps de crise un dynamisme porteur pour l’ensemble de nos métiers.
Des cinéastes de tous bords viennent les soutenir en présentant leurs films et en animant des débats : Bertrand Bonello, Alain Cavalier, Lucie Borleteau, Michel Hazanavicius, Claire Denis, Noémie Lvovsky, Luc Moullet, Claire Simon, Agnès Jaoui, Marc Fitoussi, Catherine Breillat, Dominique Cabrera, Lea Fehner, pour ne parler que des dernières semaines…
Exigeons de la mairie de Paris qu'elle tienne parole en facilitant un accord entre les occupants de La Clef et le comité social et économique de la Caisse d’Epargne d'Ile-de-France (CSECEIDF), propriétaire des locaux. Ce phare alternatif peut devenir un sanctuaire du cinéma, symbole d’une véritable politique culturelle municipale s’opposant à la loi du marché immobilier, à plus forte raison lorsque s’épanouissent de telles synergies entre les habitants du quartier, la jeunesse, les étudiants de l’Université Paris III voisine, les cinéphiles et les professionnels.
Nous formulons au Tribunal d'Instance notre soutien aux prévenus. Nous espérons de tout coeur qu'ils ne seront pas condamnés prenant en considération qu’ils effectuent à titre bénévole un travail de programmation d’une grande qualité. Ce travail s’apparente selon nous à une véritable mission de service public en faveur de la culture, qu’il convient de soutenir au lieu d’attaquer.
Parce que les cinémas sont notre maison, nous défendons La Clef.
La SRF soutiendra toujours celles et ceux qui partout en France se battent pour la culture, pour la défense et la vitalité du cinéma.
La Société des réalisateurs de films
Le 14 septembre 2020
L’œil et la main de Darmanin
La SRF tient à réagir à la déclaration du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, d’exiger aux télévisions et aux réseaux sociaux de flouter les « images montrant les visages » des policiers en opérations. La raison avancée serait de protéger les policiers d’éventuelles représailles. En cela, Gérald Darmanin est le continuateur d’une logique instaurée depuis les attentats de 2015 et qui consiste à sacrifier toujours plus la liberté sur l’autel de la sécurité.
Mais derrière cette raison publique, difficile de ne pas débusquer une raison cachée : faire disparaître dans un grand trou noir les violences policières. Ces dernières, longtemps invisibilisées par l’absence de preuve malgré les témoignages des victimes, ont explosé devant les yeux du grand public grâce à la force des images filmées par des citoyens et diffusées sur les réseaux sociaux.
« Et qui nous protège de vous ? » Alors que la célèbre formule de La Haine s’est répandue dans les consciences de tout un pays, des quartiers populaires aux régions des Gilets Jaunes en passant par les exilés du Calaisis, de la région parisienne, de la Roya et d’ailleurs, Gérald Darmanin n’hésite pas à sous-entendre, dans un retournement spectaculaire des responsabilités, que c’est à la police de se protéger d’une population regardée uniquement comme menaçante.
Si Gérald Darmanin ne l’a pas précisé, on se rappelle que la proposition de loi d’Eric Ciotti prévoyait 15 000 euros d’amende et un an d’emprisonnement pour les contrevenants, transformant ainsi en criminels ceux qui filment pour se protéger.
En janvier dernier Emmanuel Macron avait déclaré ne pas vouloir utiliser le terme de violence policière, considérant que la violence était « d’abord dans la société ». Après le langage, c’est donc au tour de l’image d’être attaquée au plus haut sommet de l’État, d’être restreinte, en partie effacée, et avec elle tout un pan de la réalité. La disparition de l’expression « violences policières » ne suffisant visiblement pas, il faudrait encore en anonymiser les auteurs. Car dans cette proposition de floutage, il y a autre chose qu’un simple déni de la réalité : parce que l’image peut valoir pour preuve en justice, son floutage est le commencement de l’impunité. Dans le cas de violences, flouter le visage des policiers, reviendrait alors moins à les protéger qu’à les couvrir.
Si une telle mesure était adoptée, non seulement il deviendrait impossible de filmer ou montrer des images de manifestations, mais combien d’oeuvres représentant les forces de l’ordre devraient alors être amputées ? Jusqu’où iront les ciseaux du ministère de l’Intérieur ? Car dès lors que nous laissons ce dernier décider à la place de la société civile de ce qui est montrable et de ce qui ne l’est pas, c'est de censure dont on parle. En tant que cinéastes et filmeurs nous déplorons radicalement ce projet de restriction de la liberté d’expression et d’information. La loi sur le droit à l’image avait pris le soin de le préciser : filmer les forces de l’ordre dans l’exercice de leur fonction relève de la liberté d’information et celle-ci « prime sur le droit au respect de l’image et de la vie privée ».
Alors que le mouvement Black Lives Matter déferle encore sur tout l’Occident, et avec lui une demande d’apaisement des relations entre la police et les citoyens, Gérald Darmanin n’a pas autre chose à proposer qu’un blanc-seing à l’impunité policière. Du matricule RIO que les policiers ont progressivement fait disparaître de leur uniforme au port banalisé de la cagoule, d’ordinaire réservée aux équipes d’interventions spéciales, ce floutage viendrait parachever l’installation d’un état d’exception permanent pour une police qui assumerait alors tous les atours d’une milice sans loi et sans garde-fou.
Nous rappelons au ministre de l'Intérieur que la police n’est pas un corps secret mais un service public qui doit pouvoir rendre des comptes aux citoyens, qu’il a pour mission première de protéger et de servir. Par-dessus tout, nous demandons au ministre de l’Intérieur de ne plus mettre son oeil et sa main dans nos images, et de laisser nos libertés fondamentales en paix.
Communiqué
9 septembre 2020
Nouveau Conseil d’administration de la SRF
À la suite de l'Assemblée générale du 5 septembre dernier, le Conseil d’administration de la SRF s’est réuni et a procédé à l’élection de son bureau pour l’année 2020-2021 :
Co-Présidents : Lucie Borleteau, Vergine Keaton, Thomas Bidegain
Secrétaire : Emmanuel Gras
Trésorier : Frédéric Farrucci
La SRF poursuit ses travaux sur le court métrage et le documentaire. Cette année, elle constitue également, pour la première fois, un groupe dédié à l’animation.
Délégué au court métrage : Alexandre Lança
Délégué au documentaire : Maxence Voiseux
Délégué à l’animation : Sébastien Laudenbach
Sont aussi membres du Conseil d’administration :
Matthieu Bareyre, Antoine Barraud, Malik Chibane, Romain Cogitore, François Farellacci, Rachid Hami, Audrey Jean-Baptiste, Anna Novion, Valérie Osouf, Axelle Ropert, Thomas Salvador, Pierre Salvadori, Claire Simon, Aurélien Vernhes-Lermusiaux
Communiqué
31 août 2020
Annonces du Premier ministre pour le cinéma : rien n'est joué
Nous saluons la première véritable mesure d'ampleur prise pour la culture en France depuis le début de la crise, même si les annonces du Premier ministre arrivent inexplicablement tard compte tenu de la situation de notre secteur depuis de nombreux mois. Le cinéma sort d'une mise à l'arrêt totale, suivie d'une reprise extrêmement difficile.
L'enveloppe de 165 M€ annoncée pour le CNC n'est cependant pas un soutien massif : à peine un quart de son budget « normal ». Nous nous interrogeons également sur la façon dont cette enveloppe sera affectée. Nous attendons un échange très prochain avec le CNC à ce sujet.
Le cinéma indépendant doit être au cœur de ce plan de relance, en particulier les auteurs et les cinéastes, extrêmement fragilisés.
Enfin, rien n'est joué sans la refonte ambitieuse de notre système de financement, à commencer par la transposition imminente de la directive SMA. Sans obligations fortes pour les plateformes qui garantiront la diversité des œuvres, aucun soutien ponctuel ne sauvera le cinéma en France.
La Société des réalisateurs de films
Contact presse : Rosalie Brun - 01 44 89 62 58 / rbrun@la-srf.fr
Communiqué
8 juillet 2020
La SRF prend acte de la nomination de Roselyne Bachelot
à la tête du Ministère de la Culture.
La SRF prend acte de la nomination de Roselyne Bachelot à la tête du Ministère de la Culture. Son attachement à la culture, ses précédents engagements au Ministère de la Santé et des sports puis à celui des Solidarités et de la cohésion sociale seront des atouts pour les combats à venir. Nous ne saurions la contredire quand elle affirme que sa nouvelle fonction est « la plus belle de notre République » ; nous espérons qu’elle saura lui faire honneur.
Roselyne Bachelot a insisté sur la situation très difficile des acteurs de la culture, évoquant « une question de vie ou de mort » pour nombre d’entre eux. Oui, nous sommes dans une situation dramatique. Pendant la crise sanitaire, le cinéma a été abandonné. Un secteur économique d’importance a été immobilisé pendant plusieurs mois sans qu’aucun véritable soutien ne se mette en place. Ses acteurs indépendants, qui font la richesse de notre cinéma, sont dans une situation d’extrême fragilité. La précarité de très nombreux artistes et auteurs, déjà préoccupante, devient alarmante. Il est nécessaire de mobiliser au plus vite des moyens financiers et législatifs de grande ampleur, de mettre en place un plan de relance rapide et concerté. Les annonces du Président de la République au début du mois de mai n’ont pas répondu à cette urgence et n’ont été suivies d’aucune concrétisation. Nous espérons que la nouvelle Ministre agira, et qu’elle partagera notre inquiétude : la culture ne peut pas être un impensé de ce quinquennat.
La diversité de la création, la protection des artistes, ont fait l’objet d’une attention croissante pendant le ministère de Franck Riester. Son engagement pour la modernisation de la loi audiovisuelle, et notamment de l’audiovisuel public, doit être salué. Le chantier reste inachevé, un projet législatif d’ampleur se retrouvant démembré à la suite de la crise sanitaire et de nouvelles priorités gouvernementales. Nous appelons la nouvelle Ministre à porter toute son attention sur le contenu de ce projet de loi pour le mener jusqu’à son terme.
Les pouvoirs publics devront également continuer à œuvrer pour la transposition de la directive européenne SMA dans le droit français, qui permettra d’assujettir les plateformes SVOD à des obligations d’investissement dans le cinéma et l’audiovisuel. En parfaite adéquation avec les mutations de ces dernières années, ces nouvelles sources de financement sont essentielles pour la création cinématographique française dans toute sa diversité. Le Ministère de la Culture devra se montrer fort dans les échanges à venir avec les plateformes ; et il n’y parviendra qu’en concertation avec les organisations du secteur.
Les cinéastes de la SRF souhaitent rencontrer la Ministre dès que possible pour engager avec elle une discussion de fond sur l’indépendance et la liberté artistique, sur les enjeux de création, de financement, de diffusion et d'accès aux œuvres. L'ouverture d'un tel dialogue est un préalable nécessaire à nos travaux sur tous ces aspects incontournables de la politique culturelle.
Le conseil d’administration de la SRF : Bertrand Bonello, Catherine Corsini, Aude Léa Rapin, Héléna Klotz, Rebecca Zlotowski, Alexandre Lança, Maxence Voiseux, Marie Amachoukeli, Jacques Audiard, Lucie Borleteau, Guillaume Brac, Yann Gonzalez, Emmanuel Gras, Thomas Jenkoe, Vergine Keaton, Inès Loizillon, Katell Quillévéré, Axelle Ropert, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, Justine Triet, Aurélien Vernhes-Lermusiaux.
Communiqué de presse
Le 24 juin 2020
Tribune des cinéastes de la SRF
La salle de cinéma est incontournable,
la défense de la culture aussi !
Cette tribune a été initialement publiée dans Le Monde ce lundi 22 juin. A l’occasion du premier mercredi de sortie depuis la réouverture des salles, la voici dans son intégralité.
Après les cafés, les restaurants, les magasins, c’est enfin au tour des lieux de culture de retrouver leur public. Ce 22 juin est jour de fête ! Dans les salles obscures, nous vivrons de nouveau l’expérience extraordinaire et collective de la séance de cinéma. Ces derniers mois, le cinéma a investi plus que jamais nos maisons, nos télévisions, ordinateurs et téléphones. Il nous a accompagnés, réconfortés. Nous n’avons cessé de le dire : l’appétit de cinéma se nourrit de tous les modes de diffusion, le désir et la curiosité se cultivent partout.
Mais nous faisons avant tout des films pour qu’ils vous rencontrent en salles. Pour que vous les découvriez dans des conditions optimales d’image et de son, mais aussi et surtout parce que le cinéma est, par essence, un art qui se vit ensemble. Les films qui vont les premiers tenir l’affiche sont courageux. Dès cette semaine, leurs auteurs, producteurs et distributeurs font le pari de retrouver au plus vite leurs spectateurs, dans un contexte où chacun prend ses marques, a besoin d’être rassuré.
Les films les plus fragiles, les productions les plus touchées par la crise, et d’une façon plus générale les films français et européens, auront besoin d’espace pour exister. Au sortir de cette crise, la libéralisation des pratiques pourrait être une réaction de facilité. Nous devons au contraire faire le pari du public, celui de l’intelligence et de la curiosité, en assurant la diversité des œuvres proposées.
La fragilité de notre écosystème
En 2016, des accords ont été signés par la profession pour assurer la diffusion de toute la diversité du cinéma sur les écrans français, pour assurer surtout aux films les plus fragiles et les plus exigeants leur juste exposition et leur juste accès aux salles. Aujourd’hui comme hier, ces accords engagent exploitants et distributeurs.
Nous en appelons à leur responsabilité pour permettre à tous les films d’exister. Nous en appelons à la responsabilité du Centre national du cinéma (CNC) et des pouvoirs publics pour garantir cet équilibre, en assurant une régulation Indispensable au paysage culturel et à toute notre industrie.
La salle de cinéma est incontournable. C’est le seul et unique endroit ou le film trouve sa réelle dimension, esthétique et physique. Le seul où le spectateur l’expérimente pleinement et de la façon la plus vibrante. C’est aussi le lieu qui garantit son indépendance. Sans salle pas de distributeurs, sans distributeurs pas de producteurs indépendants, sans producteurs indépendants pas de cinéastes libres et moins de diversité. Sans la salle, le spectateur prolongera l’expérience du confinement, à savoir de la consommation de fiction en série ou de cinéma de patrimoine.
Fini le cinéma libre, indépendant et contemporain. Sans la salle, la seule source de financement devient le diffuseur et les films deviennent des commandes. Ces derniers mois nous ont rappelé la fragilité de notre écosystème, la nécessité de le soutenir, de le repenser. La nécessité d’un courage politique, d’un engagement fort de l’État pour notre cinéma et pour notre culture.
Tous en salles, et vive le cinéma !
La réouverture des salles est l’occasion de réaffirmer leur place dans ce monde d’après. Dans une société secouée par d’importantes prises de conscience, des mouvements dont l’ampleur montre la nécessité du changement. « Le cinéma ne dit pas autrement les choses, disait Éric Rohmer, il dit autre chose. » Il sublime les combats, les engagements, il fait un pas de côté. Il est un lieu de pensée et de liberté, une arme redoutable contre l’ignorance.
C’est pourquoi nous en appelons avant tout à la responsabilité de l’État pour mettre en place un plan de relance concerté et conséquent pour la culture. Nous ne comprenons pas que d’autres plans de relance, comme ceux pour les secteurs de l’automobile ou de l’aéronautique, aient pu être mis en place si rapidement, et que la culture attende toujours.
L’État doit soutenir au plus vite, et de façon très concrète, notre industrie cinématographique, et avec elle notre exception culturelle et son rayonnement au-delà de nos frontières. Prouvons cet impératif dès aujourd’hui et tous ensemble, en remplissant les salles obscures. Tous en salles, et vive le cinéma !
Le conseil d’administration de la SRF : Bertrand Bonello, Catherine Corsini, Aude Léa Rapin, Héléna Klotz, Rebecca Zlotowski, Alexandre Lança, Maxence Voiseux, Marie Amachoukeli, Jacques Audiard, Lucie Borleteau, Guillaume Brac, Yann Gonzalez, Emmanuel Gras, Thomas Jenkoe, Vergine Keaton, Inès Loizillon, Katell Quillévéré, Axelle Ropert, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, Justine Triet, Aurélien Vernhes-Lermusiaux.
Communiqué de presse
23 juin 2020
Merci Véronique Cayla
Les cinéastes de la SRF saluent fraternellement Véronique Cayla qui quittera en juillet ses fonctions à la présidence d’Arte.
En dix ans à peine, elle a fait de l’antenne franco-allemande l’un des fleurons culturels européens, a conjugué des courbes d’audiences exceptionnelles avec un souci constant d’exigence intellectuelle et de qualité, et fait mentir l’adage cynique qui aime les renvoyer dos à dos.
Aussi à l’aise dans la défense du cinéma patrimonial que dans celle du cinéma d’auteur, Véronique Cayla a toujours été soucieuse de rajeunir son audience par une offre numérique riche et audacieuse, attentive aux coproductions internationales qui ont fait d’Arte l’un des labels les plus respectés dans les plus grands festivals du monde, comme aux séries européennes ambitieuses. Sans jamais négliger ni l’humour ni la fantaisie, elle a imposé ce qui semble le plus difficile à mener : une vraie politique culturelle.
Elle a su dépasser les clivages politiques sans être consensuelle, œuvrant sans relâche à rendre accessible la culture, rassemblant plutôt que divisant, à la direction du Festival de Cannes comme à celle du CNC qu’elle a marqué de son empreinte.
La SRF souhaite la bienvenue à Bruno Patino qui lui succèdera dans ses fonctions. Nous espérons qu’il portera haut l’héritage qu’elle a laissé et entretiendra avec les auteurs et les réalisateurs la même relation nourrie d’échanges et d’écoute mutuelle.
Véronique Cayla a su mieux que personne faire l’unanimité autour d’elle. Dans un secteur bouleversé, cette unanimité nous a été précieuse.
Nous est précieuse.
Qu’elle en soit ici chaleureusement remerciée !
Le Conseil d’administration de la SRF : Bertrand Bonello, Catherine Corsini, Aude Léa Rapin, Héléna Klotz, Rebecca Zlotowski, Alexandre Lança, Maxence Voiseux, Marie Amachoukeli, Jacques Audiard, Lucie Borleteau, Guillaume Brac, Yann Gonzalez, Emmanuel Gras, Thomas Jenkoe, Vergine Keaton, Inès Loizillon, Katell Quillévéré, Axelle Ropert, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, Justine Triet, Aurélien Vernhes-Lermusiaux
Communiqué de presse
Le 29 juin 2020
La SRF soutient Kirill Serebrennikov
Vendredi 26 juin, un tribunal de Moscou a condamné le cinéaste Kirill Serebrennikov à trois ans de prison avec sursis pour détournement de fonds dans l'affaire dite du "Studio 7".
S'il échappe aujourd'hui à la prison, c'est après presque deux ans d'assignation à résidence depuis son arrestation pendant le tournage de Leto à Saint-Petersbourg. C'est après trois ans d'un procès kafkaïen, et six heures de lecture d'un verdict humiliant où le metteur en scène et ses adjoints au théâtre Centre Gogol été jugés coupables, et qualifiés de « groupe criminel ».
Dès 2017, son domicile avait été perquisitionné, son passeport « conservé ». L’année suivante, il n’avait pas pu venir présenter son film à Cannes. Son équipe, munie d’une pancarte avec son nom, avait monté les marches du tapis rouge en signe de protestation contre son assignation à résidence.
Kirill Serebrennikov est un homme de théâtre et de cinéma, un metteur en scène brillant. Dans ses films et dans ses spectacles, il interroge la société russe avec turbulence et modernité. Il s'est engagé pour les droits civiques, l'éducation et la culture, contre l'obscurité et l'ignorance. Il est exactement à la place qu'un artiste doit occuper face à un régime autoritaire.
Le pouvoir ne manque pas de moyens de faire taire une voix trop libre, et d'intimider les autres. En Russie et dans le monde, de nombreux artistes et acteurs culturels ont dénoncé dans cette affaire une campagne de persécution politique. Nous, cinéastes, nous indignons avec eux du sort fait à Kirill Serebrennikov.
Il va faire appel. La mobilisation continue. La Société des réalisateurs de films lui apporte son soutien inconditionnel.
Le Conseil d’administration de la SRF : Bertrand Bonello, Catherine Corsini, Aude Léa Rapin, Héléna Klotz, Rebecca Zlotowski, Alexandre Lança, Maxence Voiseux, Marie Amachoukeli, Jacques Audiard, Lucie Borleteau, Guillaume Brac, Yann Gonzalez, Emmanuel Gras, Thomas Jenkoe, Vergine Keaton, Inès Loizillon, Katell Quillévéré, Axelle Ropert, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, Justine Triet, Aurélien Vernhes-Lermusiaux