Le Mépris

Lettre ouverte au gouvernement
Communiqué de presse
11/12/2020

Communiqué de presse 
Le 11 décembre 2020

Le Mépris
Lettre ouverte au gouvernement 

Sur quels critères vous basez-vous pour fragiliser, voire endommager durablement toute une économie, tout un corps de métier ?

Sur quels critères vous basez-vous pour considérer nos salles de cinéma, de théâtre, comme plus dangereuses qu’une assemblée dans une église ? 

Sur quels critères vous basez-vous pour considérer qu’il est acceptable de visiter une galerie d’art, mais qu’un centre d’art ou un musée est un endroit dangereux ? 

A l’inverse des transports en commun et des rayons surchargés des boutiques à l'approche de Noël, nos salles sont totalement en mesure de faire respecter les consignes de sécurité sanitaires, depuis le premier jour. Les spectateurs y sont masqués, en jauge réduite, à distance de sécurité, ne parlent pas, ne se touchent pas, peuvent laisser leurs coordonnées le cas échéant à l’entrée, contrairement aux lieux cités plus haut. 

Etes-vous seulement au courant, nous venons parfois à en douter, que nous devons réinvestir à chaque report dans des frais considérables de communication ? Que le travail de nos attachés de presse, de nos distributeurs, des exploitants, doit être à chaque fois repris à zéro, voire moins que zéro puisqu’il faut recréer l’envie, le désir d’aller voir nos films ?

Etes-vous seulement au courant que le travail de programmation, d’exposition des œuvres de cinéma et des spectacles prend des semaines, des mois, que c’est un travail au long cours qui ne peut pas s’arrêter et repartir comme si le temps s’était figé ?

Etes-vous seulement au courant que notre industrie, nos œuvres, nos travaux sont vivants donc périssables, voire mortels, fragiles, qu’ils représentent des années de travail, d’engagements, dans des conditions très souvent précaires ?

Pour tous les films qui ne sortent pas aujourd’hui, ce sont des distributeurs et des producteurs qui ne pourront pas s’engager sur de nouveaux projets, ce sont des films qui ne pourront pas exister dans le futur, et autant d'emplois qui seront fragilisés pendant des années. C’est toute la chaîne qui souffre, toute une industrie bloquée, sans compter un appauvrissement grandissant de la culture, qui n’offre d’autre choix que les plateformes de vidéo à la demande. 

Nous ne prétendons pas être essentiels mais nous prétendons à la justice envers notre écosystème, soit près d’un million de personnes pour le secteur de la culture. 

Si on nous met à mort, nous voulons connaître l’accusation. Nous voulons pouvoir nous défendre face à autre chose que le vide et l’absurdité de ce qui nous est infligé.
 

La Société des réalisateurs de films

Contact presse : Rosalie Brun /rbrun@la-srf.fr/ 01.44.89.62.58