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On se souvient de la célèbre formule d’André Malraux : « le cinéma est un art ; et par ailleurs c’est aussi une industrie ». Pendant des décennies, cette conception duale (art et industrie) a fondé toutes les politiques françaises de soutien au secteur, faisant du cinéma français le contre-modèle le plus puissant au cinéma américain.
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On se souvient de la célèbre formule d’André Malraux : « le cinéma est un art ; et par ailleurs c’est aussi une industrie ». Pendant des décennies, cette conception duale (art et industrie) a fondé toutes les politiques françaises de soutien au secteur, faisant du cinéma français le contre-modèle le plus puissant au cinéma américain.
Cette politique s’est avant tout incarnée dans l’action du CNC, et son système de taxation des billets de cinéma qui permet, sans demander un sou de plus aux contribuables, de rééquilibrer sans cesse les deux pôles, tout en s’adaptant aux nouveaux usages.
Face à un monde saturé d’images de toutes sortes, on a besoin, plus que jamais, de films qui interrompent ce flux, qui offrent un point de vue singulier, complexe et sensible sur le monde contemporain ou proposent de nouveaux imaginaires. Ces films-là sont pourtant de plus en plus difficiles à produire et atteignent de moins en moins souvent leur public.
La pression du marché est devenue telle aujourd’hui qu'elle contamine tout le processus, de l'écriture à la commercialisation des films. L’idée mortifère qu’une œuvre ne puisse être jugée qu'à l'aune de ce qu'elle rapporte progresse tous les jours dans une indifférence générale et désarmante.
Le poids des télévisions est considérable dans cette pression exercée sur les films. D’un certain désamour pour le cinéma, nous sommes insidieusement passés à une forme de mépris plus ou moins affiché, quand ce n’est pas de la franche hostilité. Plus d’émissions sur le cinéma qui ne soient pas promotionnelles, plus de rendez-vous réguliers, plus de réflexion ou d’invention dans la programmation (à l’exception remarquable d’Arte). La télévision ne sait plus montrer les films. France télévisions court après les chaînes privées, qui courent elles-mêmes après leur part de marché. Chacun cherchant un consensus mou qui, en croyant s’adresser au plus grand nombre, tire tout le monde vers le bas.
Du côté des salles de cinéma, ce n’est guère mieux. Le poids de la grande exploitation ne cesse de s’accentuer et met tout le secteur sous tutelle. L’unicité de chaque film se dissout dans la pure rentabilité d’établissements gigantesques. Un film chasse l’autre, dans une sorte d’obsolescence programmée, sans que les pouvoirs publics n’aient jamais jugé bon de prendre des mesures réellement efficaces pour freiner cette évolution.
Dans ce paysage déjà fragilisé, l’arrivée de plateformes type Netflix ou Amazon, avec des moyens financiers considérables pourrait laisser croire à une bouffée d’oxygène. Mais à quel prix ? Car ici c’est, par nature, la vision industrielle des œuvres qui prévaut. Pouvons-nous créer librement en fonction d’algorithmes ? Comment faire face à des pratiques contractuelles qui s’installent sans respect du droit moral de l’auteur et sans garantie de rémunération pour l’exploitation monde de son œuvre (en dehors de la France) ? Comment freiner l’accélération du temps dans leur processus de création ?
Du côté du CNC, longtemps considéré comme notre maison commune, les cinéastes ont de plus en plus de mal à se faire entendre. Obsédé par l'adaptation aux nouveaux usages, il accélère parfois le mouvement de cette crise générale au lieu d’y résister, davantage influencé par les plus puissants du secteur que par ceux qui se souviennent encore que le cinéma a longtemps été considéré comme un art.
Fait d'époque, tout le monde, financeurs, décideurs ou algorithmes, ne cesse de penser qu'ils savent mieux que nous. Tous donnent leur avis sur le scénario, le casting, les thèmes à développer, le montage, le rythme du film... Pire encore, dans cette course éperdue au film qui marchera, plus personne n'ose désormais s'appuyer sur son propre goût mais sur ce qu'il fantasme de celui du public.
De leur côté, les cinéastes résistent comme ils peuvent. Mais jusqu'à quand ? Jusqu’à quand pourrons-nous affirmer qu’une image de cinéma n’est pas une image comme les autres ? Que ce n’est pas une image de plus?
Nous assistons à un changement radical de paradigme.
Avant de basculer définitivement de l’exception culturelle à la norme industrielle, nous avons souhaité vous alerter. Car il nous semble que seule la prise de conscience de tous est capable d’ouvrir de nouveaux horizons.
A l’approche du Festival de Cannes, de ses réjouissances et de ses promesses toujours renouvelées de cinéma, et alors que la loi audiovisuelle est actuellement en discussion, nous cinéastes de la SRF tenions à faire état de nos inquiétudes.
Nous demandons au CNC, au Ministère de la Culture et aux parlementaires de se battre à nos côtés pour que les réajustements nécessaires à notre industrie ne se résument pas à un alignement sur le pire.
Nous avons plus que jamais envie et besoin de renouveler et moderniser la production. Plus que jamais envie de formes nouvelles, de récits hybrides, vivants et audacieux. Plus que jamais envie de dialoguer avec les films des nouvelles générations en leur disant que oui, le cinéma est une industrie; et par ailleurs, c’est aussi un art.
Signataires :
Marie Amachoukeli, Jacques Audiard, Luc Battiston, Lucas Belvaux, Julie Bertuccelli, Bertrand Bonello, Lucie Borleteau, Guillaume Brac, Claire Burger, Thomas Cailley, Laurent Cantet, Malick Chibane, Hélier Cisterne, Catherine Corsini, Sylvain Desclous, Arnaud Desplechin, Alice Diop, Philippe Faucon, Pascale Ferran, Dyana Gaye, Yann Gonzalez, Joana Hadjithomas, Rachid Hami, Christophe Honoré, Agnès Jaoui, Thomas Jenkoe, Vergine Keaton, Héléna Klotz, Nicolas Klotz, Pierre Lacan, Alexandre Lança, Jean-Marie Larrieu, Arnaud Larrieu, Thomas Lilti, Bertrand Mandico, Naël Marandin, Paul Marques-Duarte, Jonathan Millet, François Ozon, Héloïse Pelloquet, Thierry de Peretti, Antonin Peretjatko, Nicolas Philibert, Bruno Podalydes, Katell Quillévéré, Lola Quivoron, Aude-Léa Rapin, Axelle Ropert, Christophe Ruggia, Thomas Salvador, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, Morgan Simon, Justine Triet, Alice Winocour, Rebecca Zlotowski.
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Chaque année est publié un tableau dans Le Films Français censé déterminer la rentabilité des films de l’année écoulée sur la base de leur sortie salle.
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Chaque année est publié un tableau dans Le Films Français censé déterminer la rentabilité des films de l’année écoulée sur la base de leur sortie salle.
On pourrait commencer par se demander au nom de quelle idée de la culture on « demande des comptes » au cinéma sans autre forme de procès. Ce tableau suscite pourtant des articles et commentaires qui ne font que propager des idées fausses. Il jette sur les films d’auteur l’image d’un cinéma qui coûterait trop cher et ne serait pas assez vu, celle d’un cinéma élitiste, gâté, voire inutile. Le classement est d’ailleurs à ce point ignorant de notre secteur qu’il oublie les documentaires et leurs nombreux succès. Ne seraient-ils pas des films comme les autres ?
Ce tableau est loin d’aborder la véritable question de la rentabilité d’un film, à savoir le comparatif entre l’ensemble des coûts engagés dans sa production avec l’ensemble des recettes sur les différents supports de son exploitation.
Un film qui marche, c’est bien sûr un film qui trouve son public, et nous sommes les premiers à nous en préoccuper. Mais il faut au moins cinq ans pour juger de la rentabilité d’un film.
La vie d’un film français est beaucoup plus riche et passionnante que les chiffres de quelques mois et d’un territoire unique. Comme si un film « honnête » avait le devoir et la responsabilité de rembourser la totalité de ses dépenses par ses seules entrées en salles, et de le faire immédiatement. Quid de ses passages à la télévision alors que celle-ci finance en grande partie le cinéma français ? Quid de sa présence à l’étranger alors que les vendeurs internationaux contribuent largement à nos budgets ? Car en plus d’engendrer des débats, des rencontres, de la presse dans son pays d’origine, un film qui marche est un film qui circule au-delà de la France, en festivals, en salles et en vidéo, faisant rayonner notre culture dans le monde.
Un film qui marche, c’est aussi un film qui traverse le temps, révélant des talents, s’inscrivant dans l’œuvre d’un.e cinéaste, continuant parfois de toucher un public plus de cinquante ans après sa fabrication.
Souvenons nous de La Règle du Jeu de Jean Renoir. Un échec en salle, et pourtant l'un des plus grands films jamais réalisés et reconnus par tous.
Un film qui marche, ce n’est donc pas seulement un film qui capitalise sur les recettes d’un moment précis – réflexe de satiété immédiate de notre société moderne – mais un film qui dure, qui hante, qui voyage et invente son propre rapport au spectateur et à l’histoire du cinéma.
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Nous avons tous été spectateurs avant d'être réalisateurs.
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Nous avons tous été spectateurs avant d'être réalisateurs.
Nous avons tous eu notre vie changée par des cinéastes qui un jour, à travers un film, nous ont profondément touchés.
Ce qui nous définit dans notre désir de cinéma, c’est d’aller à la rencontre de l’autre, en espérant toucher, troubler, questionner, surprendre le spectateur à notre tour.
La salle de cinéma a toujours été une sortie culturelle unique, une expérience que le petit écran n’a finalement jamais impactée et que les plateformes ne remplaceront pas !
La fréquentation cinématographique en France n'a cessé d'augmenter, faisant des Français les plus grands cinéphiles d’Europe. Elle a même doublé en 20 ans, alors qu’un tiers d'entre nous possède des abonnements SVOD.
Plus on s'intéresse au cinéma, plus on l'aime, plus on a envie de le voir, sous tous ses formats, et sur tous ses supports : la salle de cinéma, la télévision, l'ordinateur…
Les plateformes ont créé un appétit grandissant pour les œuvres audiovisuelles au sens large. Pourtant, aujourd’hui, la tendance est à confronter un « ancien » et un « nouveau » monde. On oppose cinéma et série, salles et plateformes, les premiers étant présentés comme les ancêtres des autres. C’est parce qu’on les oppose historiquement, qu’on les confond artistiquement.
On nous dit aussi qu'il y a trop de films. Vraiment ? Pourtant, une grande majorité d’entre eux disparaissent au bout d'une semaine, tandis qu’une poignée d’autres sont concentrés sur tous les écrans. Trop de films… mais pas trop de concentration peut-être ?
Nous passons en moyenne trois ans de notre vie à fabriquer un film. Trois ans alors que certains films se font « débarquer » au bout d’une semaine des salles. Ce constat est d'une violence inouïe.
Une violence faite au cinéaste, mais aussi au spectateur, au citoyen, qui mérite d'avoir accès à la culture, donc à la diversité des œuvres.
Rappelons que les trois principaux circuits de salles concentrent à eux seuls plus de 50 % des recettes au niveau national et près de 90 % à Paris*. En adoptant une logique économique équivalente à celle de la grande distribution, les multiplexes ont fait de nos films des produits d'appel, immédiatement chassés par les produits suivants.
Dix ans que nous nous battons pour que le secteur de l’exploitation soit davantage solidaire de la création indépendante, alors même que la chronologie des médias protège les salles en leur offrant une fenêtre exclusive de 4 mois pour la diffusion de nos œuvres. Pourtant, nous avons toutes sortes de propositions simples. Plusieurs sont d’ailleurs portées au sein du BLOC**. Elles ne coûtent pas plus cher, elles ne visent pas à punir mais à réguler des pratiques aux effets dévastateurs sur toute la chaîne de fabrication et de diffusion des films d’auteur.
Nous demandons au gouvernement et au CNC de faire preuve de courage politique à ce sujet, en intégrant notamment dans la prochaine loi audiovisuelle et dans le Code du cinéma des propositions enfin efficaces pour répondre à cette crise majeure:
- Etablir un contrat entre distributeurs et exploitants permettant un engagement de deux semaines avant la sortie pour déjouer le chaos d'une programmation ultra-concurrentielle, et optimiser le travail de promotion en amont. Déjà prévu par la loi, mais très rarement appliqué, ce contrat est une condition de départ à une régulation, obligeant chacun à faire des choix éditoriaux.
- Du côté des exploitants, assurer une exposition effective des œuvres sur deux semaines, c’est-à-dire en plein programme, pour rendre enfin efficients et pertinents les engagements de programmation existants.
- Du côté des distributeurs, encadrer les plans de sortie massifs par zone de chalandise, et notamment à certaines périodes de l’année, à travers des engagements de diffusion en miroir des engagements de programmation, dont le principe doit être inscrit dans la loi.
- Mettre en place des bordereaux à la séance, seul moyen pour le CNC de contrôler les pratiques réelles de programmation.
- Rééquilibrer le soutien automatique à l'exploitation en faveur des salles qui programment des films européens et cinématographies peu diffusées.
- Mettre en place des expérimentations : permettre à des œuvres sorties des écrans de bénéficier d’une exploitation en vidéo anticipée dans certaines zones géolocalisées, quitte à permettre un reversement d’une partie de la recette à l’exploitant jusqu’à la fin de sa fenêtre d’exploitation (4 mois) ; expérimenter pour certains films la sortie simultanée en salles et en vidéo.
Ces mesures sont nécessaires, mais pas suffisantes si elles sont prises isolément. Ce n’est que par un ensemble de leviers qu’une régulation de l’exploitation pourra être opérante. C’est aussi en expérimentant de nouvelles formes de diffusion que la salle continuera à attirer le public.
La salle de cinéma est le seul lieu de diffusion d'un film qui nous invite à sortir de chez nous, croiser des inconnus, à prendre des nouvelles du dehors.
Un réalisateur se déplace en moyenne dans une trentaine de villes en France, pour rencontrer le public de son film, échanger le temps d'un débat, soutenir le travail de l'exploitant qui le diffuse.
Ce lien social que nous créons ensemble est fondamental. On le mesure d'autant plus aujourd'hui alors qu'il s'est profondément délité, que tant de gens souffrent de ne plus se sentir écoutés, représentés.
Nous nous devons de préserver ensemble cet endroit de partage qu'est la salle de cinéma. Nous devons nous battre pour maintenir une offre de cinéma riche et diversifiée.
Il n‘y a pas d’ancien et de nouveau monde. Il y a deux mondes qui doivent aujourd’hui coexister. Tout est question de volonté politique !
* Chiffres issus du rapport de Pierre Kopp, « Le cinéma à l’épreuve des phénomènes de concentration », juin 2016.
** Le BLOC (Bureau de Liaison des Organisations du cinéma) est coprésidé par la SRF chaque année.
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Le service public de l’audiovisuel est aujourd’hui questionné par les pouvoirs publics : offre, modèle, financement, autant d’aspects intimement liés. Alors qu’on passe encore plus de 3h30 en moyenne par jour devant son poste de télévision, il est au cœur de notre paysage audiovisuel. La mutation des usages vers le numérique lui donne un rôle essentiel notamment au regard de la jeunesse et des inégalités sociales liées à la multiplicité des services payants par abonnement.
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Le service public de l’audiovisuel est aujourd’hui questionné par les pouvoirs publics : offre, modèle, financement, autant d’aspects intimement liés. Alors qu’on passe encore plus de 3h30 en moyenne par jour devant son poste de télévision, il est au cœur de notre paysage audiovisuel. La mutation des usages vers le numérique lui donne un rôle essentiel notamment au regard de la jeunesse et des inégalités sociales liées à la multiplicité des services payants par abonnement.
Sa responsabilité est donc immense. Que donne-t-on à voir ? Quel miroir de la société donne-t-on à ceux qui la composent ? Si notre seule obsession, en tant que cinéastes, était le nombre d’entrées en salles, nous ferions de mauvais films. Si la préoccupation du service public devient l’audience, il ne remplit pas sa mission. Nous n’apportons rien au public sans courage et sans audace.
L’enjeu est culturel, les questions sont politiques. Le cinéma doit rester au cœur de la ligne éditoriale et des investissements de France Télévisions.
Le groupe ne construira pas une ligne éditoriale forte et singulière sans maintenir un investissement annuel d’au moins 60 millions d’euros dans au moins 60 longs-métrages. Cet atout du cinéma doit être unique en son genre, par des choix alternatifs et risqués. Les décisions d’investissements doivent continuer à être différenciées selon les deux filiales (France 2 et France 3 Cinéma). Elles doivent émaner de regards engagés, et non diluées dans des commissions : à force d’être expert, on perd ses paris ; à force de chercher le consensus, on passe inaperçu.
France Télévisions sait s’engager sur des films importants, des œuvres qui éveillent les consciences sans complaisance. Pour un.e cinéaste, l’engagement de France télévisions sur un film, c’est la certitude qu’il se fera, et la promesse qu’il rencontrera un large public.
Mais comment réussir ce pari, en faisant l’impasse sur la diffusion des œuvres ? Comment espérer toucher les téléspectateurs quand la plupart des films sont montrés en deuxième ou troisième partie de soirée ?
Par ailleurs, on ne peut penser la diffusion sans éditorialisation. L’offre d’émissions consacrées au cinéma est remarquablement faible, alors que la majorité des spectateurs le déplore (enquête IFOP 2018). Alors que la radio a multiplié ses propositions avec succès, la télévision fait bien peu de place à la cinéphilie. Si le service public ne rattrape pas ce retard, qui proposera au plus grand nombre le débat critique que les films ne cessent d’éveiller?
Ces constats sont d’autant plus vrais, ces appels d’autant plus pressants à l’heure de la suppression de France 4 (et donc d’une des rares cases cinéma de prime time !) et de la bascule vers le délinéaire.
Pour donner toute leur place et leur valeur aux films, il faut certes leur donner une meilleure exposition en linéaire mais aussi les proposer en télévision de rattrapage sur 7 jours, comme le fait Arte, et comme c’est déjà le cas pour tous les autres programmes. Il est aussi temps de se libérer du système des « jours interdits » pour le cinéma qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui. Il est enfin temps de renouveler un accord avec les organisations du cinéma, en reprenant des discussions interrompues depuis trop longtemps, et de finaliser celles sur les droits d’auteur sans fragiliser les créateurs.
C’est aussi parce qu’on leur demande indépendance et exigence ; parce qu’ils doivent proposer le plus enrichissant au plus grand nombre, que les services publics doivent être soutenus. Pour cela, tous les grands pays européens ont fait le choix d’une ressource pérenne et affectée. En France, la menace de la suppression de la redevance est d’une grave inconséquence, à contre-courant de toute forme d’ambition pour une offre de qualité et de toute politique de démocratisation de la culture.
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A une époque où le cinéma se normalise, l’arrivée des plateformes mondiales, à l’instar de Netflix et bientôt d’autres plus puissantes encore, nous a fait croire à un nouvel espace de liberté et d’audace. Une liberté de plus en plus contrainte aujourd’hui par la frilosité des différents guichets de financement.
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A une époque où le cinéma se normalise, l’arrivée des plateformes mondiales, à l’instar de Netflix et bientôt d’autres plus puissantes encore, nous a fait croire à un nouvel espace de liberté et d’audace. Une liberté de plus en plus contrainte aujourd’hui par la frilosité des différents guichets de financement.
Ces plateformes nous obsèdent, deviennent incontournables. Elles sont au cœur de toutes les préoccupations. Comment travailler avec elles alors que les financements des chaînes historiques atteignent leur niveau le plus bas depuis 10 ans, et comment les intégrer dans notre système de financement ? En quoi ces nouveaux interlocuteurs bousculent certes les usages, mais aussi les pratiques dans la fabrication d’une œuvre ?
D’une espérance de liberté, nous constatons une logique éditoriale purement industrielle. Pour pouvoir parler au monde entier, ces opérateurs doivent s’inscrire dans une mécanique d’ « hyper offre ». C’est là qu’intervient le dictat de l’algorithme. Le spectateur n’est plus acteur de ses propres choix, puisque l’on pense à sa place. On segmente les publics qui deviennent des cibles commerciales.
Dans le processus d’écriture, les scénarios doivent être aussi « logarithmés », répondre à la volonté des viewers, notamment les millenials. La volonté de l’auteur apparaît ainsi comme secondaire. Le langage entre le cinéaste, le producteur et le diffuseur n’est plus le même.
La question du temps est également au cœur de ces nouvelles pratiques. On accélère le processus de fabrication des œuvres, mettant l’équipe sous la pression d’un timing de livraison restreint. L’artisanat cède ainsi la place à la grande distribution.
La question des pratiques contractuelles se pose plus que jamais: la garantie du final cut pour un.e cinéaste, l’assurance d’une rémunération pour les auteurs des droits monde (hors France). Comment garantir aux auteurs une rémunération juste, sans imposer dans la future loi audiovisuelle une obligation de transparence sur la consommation des œuvres ?
La question de l’accès aux œuvres pour le public se pose aussi. Aujourd’hui, chaque acteur de l’audiovisuel mondial lance ou veut lancer sa plateforme de SVOD. La SVOD est devenue un usage extrêmement puissant et nous comprenons la logique industrielle. Mais pour avoir accès aux œuvres, il faut désormais cumuler les abonnements. Cette logique d’exclusivité propre aux plateformes prive, contrairement à la logique de préfinancement actuelle, le public des œuvres qu’il souhaite voir s’il n'est pas abonné au service. Une offre atomisée profitable à quelques groupes très puissants.
S’ensuit un certain nombre de dérives des opérateurs nationaux pour pouvoir les concurrencer. La logique d’intégration verticale commence à s’installer, en ouvrant une porte vers la fragilisation des producteurs indépendants. Nos alliés de toujours.
Pourtant, en dépit de ces constats qui doivent ouvrir la voie à une véritable régulation, les plateformes de SVOD ont nourri un appétit de séries et de films sans commune mesure. Nous devons accueillir cette révolution là, mais avec des règles du jeu équitables.
A l’heure où les diffuseurs historiques souhaitent alléger leurs obligations pour affronter cette concurrence (qui a quelques années d’avance), nous voulons leur répondre que ce n’est qu’en investissant massivement dans les contenus et non en fragilisant la création indépendante par une baisse de leurs engagements, qu’ils feront la différence. Ce n’est qu’en prenant des risques, en finançant des œuvres singulières, audacieuses, pour des publics diversifiés, qu’ils se démarqueront.
La chronologie des médias fut une occasion quelque peu ratée, pour les besoins d’un consensus, de créer un système véritablement incitatif que nous souhaitions pour les plateformes vertueuses et de procéder à des expérimentations sur la fenêtre salle afin d’assouplir la diffusion des films.
Intégrer le principe de neutralité technologique dans la prochaine loi audiovisuelle doit être la prochaine étape. Imposer des obligations de financement spécifiques au cinéma à l’ensemble des plateformes en est une autre.
Netflix a aujourd’hui autant d’abonnés que Canal+ en France. Aux côtés de Amazon, Disney-Fox, Apple Video, Warner et d’autres qui feront leur entrée sur le marché à moyen terme, faisons en sorte que la production européenne indépendante y trouve sa place tant dans sa diffusion qu’en matière de préfinancement, à l’occasion de la transposition de la directive SMA.
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Les pouvoirs publics, à travers la création du CNC, ont créé un système de financement de notre cinéma à la fois unique et vertueux.
- CNC
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Les pouvoirs publics, à travers la création du CNC, ont créé un système de financement de notre cinéma à la fois unique et vertueux.
Les films de l’industrie, français et étrangers, par leur succès sur notre territoire, en salles comme à la télévision, contribuent solidairement à financer les films d’auteur, qui souvent sont ceux qui rayonnent internationalement. Grâce à ce système, notre pays est aussi devenu un partenaire essentiel pour beaucoup de cinéastes européens et du reste du monde, notamment grâce aux nombreuses coproductions.
Le CNC a toujours été pensé comme un espace d’échange et de co-construction de notre système, avec l’ensemble de la filière. Ce dialogue permanent en a fait notre maison commune et aussi un allié indéfectible chaque fois que l’« exception culturelle » était menacée.
Or, avec l’arrivée de nouveaux acteurs industriels internationaux très puissants, nous constatons que le CNC, au motif d’épouser un mouvement de modernité et d’adaptation aux usages, menace à certains endroits cet équilibre vertueux, en répondant dans sa politique aux préoccupations des grands diffuseurs (grands circuits d’exploitation, chaînes) aux dépens de ceux qui fabriquent les œuvres, notamment la filière indépendante.
Fait révélateur, on réserve désormais un soutien spécifique aux films dits « de genre » - comme s’ils n’avaient pas leur place parmi les autres au sein de l’avance sur recettes, comme si la réponse à une supposée demande des acteurs du marché – plateformes, chaînes, d’ailleurs représentées dans ladite commission – justifiait cette ghettoïsation.
C’est en réponse à ces mêmes désirs supposés, et en voulant donner un signal aux plateformes, que le CNC s’aventure sur des voies parfois périlleuses en voulant expérimenter une sortie directe en VOD/SVOD sur tous les films, ouvrant aux « e-films » l’ensemble des soutiens spécifiques au cinéma. Mais de quels films parle-t-on ? Ainsi, au prétexte de désengorger la salle, on en fermerait vite les portes aux films les plus fragiles : ceux « qui gênent », ceux pour lesquels elle n’est déjà qu’entrouverte du fait de quelques sorties massives (et parfois sans succès).
Quid des financements privés, à commencer par nos partenaires distributeurs ? Sans alternative crédible à leur rôle de pré-financeur et de premier acteur dans la promotion des œuvres, ces e-films seraient aussi les premiers à voir leurs préfinancements amoindris, et leur visibilité plus que compromise dans l’océan des plateformes. Sans le rôle prescripteur de la salle, comment faire exister les œuvres dans des catalogues gigantesques, et assurer le renouvellement du cinéma ? Enfin, qu’espérer pour ces e-films en matière de répartition juste et transparente des recettes ?
A l’heure où les grands diffuseurs voudraient nourrir le flou entre œuvres cinématographiques et audiovisuelles dans l’objectif de mutualiser leurs obligations, le CNC se laisse encore tenter par son corollaire : des passerelles entre les fonds de soutien cinéma et audiovisuel. Face à cette porosité, à ces indistinctions commodes entre « contenus », qui d’autre que le CNC peut se porter garant de la singularité des formes ? C’est bien en assumant des distinctions, en protégeant des différences, que nos politiques ont garanti l’exception culturelle. Au prétexte qu’un auteur peut, lui aussi, passer d’un film à une série, les pouvoirs publics se sentent autorisés à effacer les frontières. Il est curieux de devoir rappeler qu’elles démarquent des langages différents : le cinéma est un voyage pensé dans le temps d’une séance et l’espace d’une salle ; la série déploie son univers dans la longueur, et répond par un certain art du récit à d’autres conditions d’adhésion et de fidélité du spectateur.
Les différences entre les formes font leur richesse. La singularité du cinéma n’est pas conjoncturelle. Elle suppose la liberté de ceux qui l’écrivent, le regard averti de ceux qui lisent et choisissent les projets, l’indépendance de ceux qui les fabriquent, la diversité de ceux qui les financent.
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Un an après la mise en place d’un soutien sélectif dédié aux films de genre par le CNC, nous contestons la distorsion introduite dans la politique de soutien au cinéma, et réaffirmons notre attachement à l’Avance sur recettes.
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Un an après la mise en place d’un soutien sélectif dédié aux films de genre par le CNC, nous contestons la distorsion introduite dans la politique de soutien au cinéma, et réaffirmons notre attachement à l’Avance sur recettes.
L’allocation de 1,5 M€ par an à des propositions cinématographiques dites « de genre » contraint les choix artistiques et la liberté des aides sélectives au cinéma, essentiels à notre politique culturelle.
A l’heure où les films de genre, en France, sont de plus en plus nombreux, hybrides et irréductibles, il nous paraît problématique de les sanctuariser à travers un soutien trop restrictif et concernant seulement trois projets par an.
Bien que nous saluions la volonté du CNC de promouvoir des films trop souvent mis au ban des financements publics, il nous semble justement plus opportun de les défendre encore davantage au sein des diverses commissions généralistes. Et a fortiori dans le cadre de l’Avance sur recettes, en souhaitant que l’expertise de ses membres soit elle aussi encore plus ouverte et éclectique afin de défendre tous types de projets, quels que soient les « genres » dont ceux-ci se réclament.
La SRF appelle donc à affecter les crédits alloués à la Commission « films de genre » du CNC à l’Avance sur recettes, plus à même d’œuvrer pour la diversité du cinéma.
Le Conseil d'administration de la SRF
Marie AMACHOUKELI, Jacques AUDIARD, Bertrand BONELLO, Catherine CORSINI, Alice DIOP, Philippe FAUCON, Pascale FERRAN, Yann GONZALEZ, Joana HADJITHOMAS, Rachid HAMI, Thomas JENKOE, Vergine KEATON, Helena KLOTZ, Alexandre LANCA, Jonathan MILLET, Heloise PELLOQUET, Katell QUILLEVERE, Lola QUIVORON, Christophe RUGGIA, Pierre SALVADORI, Céline SCIAMMA, Rebecca ZLOTOWSKI
La SRF - 14 rue Alexandre Parodi 75010 Paris Contact : Julie Lethiphu - Déléguée générale +33 (0)1 44 89 99 65
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MUSIQUE ET CINEMA
Un échange entre les cinéastes Bertrand Bonello et Yann Gonzalez
Modéré par le journaliste Baptiste Etchegaray
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MUSIQUE ET CINEMA
Un échange entre les cinéastes Bertrand Bonello et Yann Gonzalez
Modéré par le journaliste Baptiste Etchegaray
PODCAST
https://audioblog.arteradio.com/blog/98709/podcast/133731/musique-et-cinema#
Liens VOD des films cités
Un couteau dans le cœur, Yann Gonzalez, France, 2018
https://boutique.arte.tv/detail/un_couteau_dans_le_coeur
Saint-Laurent, Bertrand Bonello, France, 2014
https://boutique.arte.tv/detail/saint_laurent
Trois places pour le 26, Jacques Demy, France, 1988
https://www.universcine.com/films/trois-places-pour-le-26
La Paloma, Daniel Schmid, Suisse/France, 1973
Indisponible en VOD
Corps à cœur, Paul Vecchiali, France, 1979
https://www.lacinetek.com/fr/tous-les-films/3870-corps-a-coeur.html
Pickpocket, Robert Bresson, France, 1959
https://www.lacinetek.com/fr/tous-les-films/2112-pickpocket-robert-bresson-vod.html
Nowhere, Gregg Araki, Etats-Unis, 1997
https://www.lacinetek.com/fr/tous-les-films/3865-nowhere.html
Nocturama, Bertrand Bonello, France, 2016
https://boutique.arte.tv/detail/nocturama
L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Bertrand Bonello, France, 2011
https://boutique.arte.tv/detail/apollonide
Les Prédateurs (The Hunger), Tony Scott, Etats-Unis, 1983
https://www.lacinetek.com/fr/tous-les-films/3868-les-predateurs.html
Twin Peaks : Fire walk with me, David Lynch, Etats-Unis, 1992
https://www.lacinetek.com/fr/tous-les-films/2506-twin-peaks-fire-walk-with-me-vod.html
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L'ÉCRITURE AU CINÉMA
Un échange entre la cinéaste Céline Sciamma et le scénariste Thomas Bidegain
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L'ÉCRITURE AU CINÉMA
Un échange entre la cinéaste Céline Sciamma et le scénariste Thomas Bidegain
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Un échange entre les cinéastes Mia Hansen-Love et Jean-Bernard Marlin, le comédien Niels Schneider, et la directrice de casting Elsa Pharaon.
Modéré par Helena Klotz, cinéaste de la SRF
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Un échange entre les cinéastes Mia Hansen-Love et Jean-Bernard Marlin, le comédien Niels Schneider, et la directrice de casting Elsa Pharaon.
Modéré par Helena Klotz, cinéaste de la SRF
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FEMMES CHEFS DE POSTE - LUNDI 22 OCTOBRE 2018 A 20H00 AU THEATRE LA BRUYERE
Un échange entre Caroline Champetier (directrice de la photographie), Valérie Deloof (ingénieure et monteuse son), Emmanuelle Duplay (chef décoratrice) et Juliette Welfling (monteuse image)
Modéré par Axelle Ropert (cinéaste) et Bérénice Vincent (Totem Films, Collectif 5050)
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FEMMES CHEFS DE POSTE - LUNDI 22 OCTOBRE 2018 A 20H00 AU THEATRE LA BRUYERE
Un échange entre Caroline Champetier (directrice de la photographie), Valérie Deloof (ingénieure et monteuse son), Emmanuelle Duplay (chef décoratrice) et Juliette Welfling (monteuse image)
Modéré par Axelle Ropert (cinéaste) et Bérénice Vincent (Totem Films, Collectif 5050)
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En 1980, Andreï Sakharov est exilé dans la ville fermée de Gorki pour avoir alerté le monde du danger que représentait l’URSS. Assigné à résidence et surveillé en permanence par le KGB, il est coupé du monde par le pouvoir soviétique durant plusieurs années, pendant lesquelles il effectuera deux grèves de la faim et sera torturé, intubé et nourri de force. Il faudra la perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence) en 1986, pour que Mikhaïl Gorbatchev mette fin à son exil et à son calvaire.
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En 1980, Andreï Sakharov est exilé dans la ville fermée de Gorki pour avoir alerté le monde du danger que représentait l’URSS. Assigné à résidence et surveillé en permanence par le KGB, il est coupé du monde par le pouvoir soviétique durant plusieurs années, pendant lesquelles il effectuera deux grèves de la faim et sera torturé, intubé et nourri de force. Il faudra la perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence) en 1986, pour que Mikhaïl Gorbatchev mette fin à son exil et à son calvaire.
Cela n'empêche pas un autre dissident russe, Anatoli Martchenko, de mourir dans sa cellule la même année, le 8 décembre 1986, après onze ans d'emprisonnement et une grève de la faim de 117 jours. Son crime était d'avoir révélé dans un livre la réalité des camps de travail soviétiques. Il disait notamment : "La seule possibilité de lutter contre le mal et l'illégalité consiste à mon avis à connaître la vérité."
Cette vérité a fissuré puis fait tomber les murs. L’URSS a laissé place à la Russie, l’Ukraine, la Géorgie, les Républiques Baltes... Pourtant, c’est toujours pour les mêmes raisons que le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov a entamé une grève de la faim illimitée le 14 mai 2018 : Faire connaître la vérité, alerter le monde.
La vérité, c'est qu’au XXIe siècle, Oleg Sentsov, ce jeune cinéaste, auteur d'un premier film repéré par les grands Festivals européens de cinéma, père de deux enfants, a disparu le 10 mai 2014 alors qu’il sortait de chez lui, enlevé par les services secrets dans sa Crimée natale, ce morceau d'Ukraine que les Russes venaient brutalement d'annexer. La vérité, c’est qu’il a été battu et torturé, emprisonné en Russie et condamné un an plus tard à vingt ans de prison, à la suite d’un procès dénoncé comme « stalinien » par Amnesty International.
La vérité, c'est que près de soixante-dix autres Ukrainiens sont indûment détenus en Russie. La grande majorité d’entre eux viennent de Crimée, beaucoup sont Tatars, et ont été - comme Oleg Sentsov - enlevés et « nationalisés » de force pour pouvoir être condamnés et emprisonnés en Russie. Certains attendent toujours leur procès, les autres ont écopé de très lourdes peines de prison à "régime sévère" -, la plupart suite à des procès truqués, sur la foi de témoignage obtenus sous la torture. Des procès « pour l'exemple ».
Les cinéastes et les intellectuels ont beau se mobiliser dans le monde entier, y compris en Russie avec les risques que cela comporte, Vladimir Poutine reste inflexible. Il faut dire que depuis vingt ans, il aura eu tout le temps de mesurer les faiblesses et les lâchetés des démocraties, qui lui ont laissé les mains libres en Tchétchénie puis en Géorgie, en Crimée, en Syrie... Alors pourquoi reculerait-t-il si personne n’ose même le lui demander ?
Du fond de sa cellule, Oleg Sentsov a compris que les otages ukrainiens du Kremlin étaient seuls au monde. Il a alors décidé de reprendre son destin en main et n’ayant pour arme que son seul corps, de commencer une grève de la faim illimitée. Pour souligner un peu mieux encore la dimension politique de son action, il a demandé la libération de tous les prisonniers politiques ukrainiens détenus en Russie, sans demander la sienne.
Mais la portée de son geste, d’un courage inouï, va bien au-delà, puisqu’il oblige l’Europe et plus largement le monde à ne pas oublier l’Ukraine, la Crimée, le Donbass. Il nous alerte, comme l’avaient fait hier Martchenko et Sakharov à propos de l’URSS, sur les dangers que fait courir la Russie de Poutine à la démocratie et à ses valeurs : liberté, respect des peuples, paix...
Le Parlement européen ne s’y est pas trompé et, au citoyen d’honneur de la ville de Paris qu’Oleg Sentsov était déjà, il a décerné le 23 octobre dernier le Prix Sakharov, accompagné de la déclaration suivante : «Grâce à son courage et à sa détermination, et en mettant sa vie en danger, le réalisateur Oleg Sentsov est devenu un symbole de la lutte pour la libération des prisonniers politiques en Russie et dans le monde entier. En lui décernant le prix Sakharov, le Parlement européen lui exprime sa solidarité et soutient sa cause. Nous demandons sa libération immédiate. »
Nous attendons désormais que ce symbole fort qu’est le Prix Sakharov se traduise en actes politiques.
Demain, à l’invitation d’Emmanuel Macron, cent chefs d’État - dont Vladimir Poutine - seront réunis à Paris pour le centième anniversaire de l’armistice marquant la fin de la première guerre mondiale.
Alors que partout, les nationalismes reviennent en force, nous rappelant les heures les plus sombres du XXème siècle, nous exhortons les chefs d’Etat et de gouvernement des démocraties à utiliser tous les moyens qui sont à leur disposition pour contraindre la Russie à respecter le droit international : réclamer une enquête au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, élargir les accords de Minsk pour permettre un échange de prisonniers dont Oleg Sentsov ferait partie, obtenir la condamnation de la Russie par la Cour européenne des droits de l’Homme, qui s’est déjà reconnue compétente pour juger cette affaire.
Si aucune de ces voies n’aboutit, il sera temps de voter une loi au niveau de l’Union européenne permettant de sanctionner les responsables du sort d’Oleg Sentsov. Une telle loi existe déjà dans plusieurs pays (Etats-Unis, Estonie, Lituanie, Royaume Uni, Canada…) c’est la loi Magnitsky – ainsi nommée en hommage à l’une des victimes du système prédateur mis en place par Poutine. Il suffira que l’Europe l’adopte à son tour pour pouvoir sanctionner lourdement les bourreaux d’Oleg Sentsov et des autres otages ukrainiens.
Au 100e anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, ce jour de paix entre les peuples, nous exhortons les chefs d'État et de gouvernement des démocraties à obtenir de Vladimir Poutine qu'il s’engage à libérer immédiatement et sans condition Oleg Sentsov et les autres prisonniers politiques ukrainiens.
Qu’il les laisse rentrer chez eux.
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Premiers signataires (vous pouvez les rejoindre ici)
Dominique Abel, cinéaste (Belgique)
Galia Ackerman, historienne (Russie)
Hala Alabdalla, cinéaste, (Syrie)
Darina Al Joundi, actrice, auteure (Syrie, Liban)
Anne Alvaro, comédienne
Marie Amachoukeli, cinéaste, co-présidente de la SRF
Mathieu Amalric, acteur et réalisateur
Jean-Pierre Améris, cinéaste
Arnold Antonin, cinéaste (Haïti)
Antoine Arjakovsky, historien.
Aïcha Arnaout, poète (Syrie)
Ariane Ascaride, comédienne
David Assouline, vice-président du Sénat
Yvan Attal, acteur et réalisateur
Jacques Audiard, cinéaste
Nabil Ayouch, cinéaste (France, Maroc)
Rakhshan Banietemad, cinéaste (Iran)
Xavier Beauvois, cinéaste
Lucas Belvaux, acteur et réalisateur
Caroline Benjo, productrice
Alain Besançon, historien, Membre de l’Institut
Julie Bertuccelli, cinéaste, présidente de la SCAM
Sophie Bessis, historienne (France, Tunisie)
Enki Bilal, dessinateur, cinéaste
Jane Birkin, actrice et chanteuse
Manuel Blanc, comédien
Alain Blum, historien et démographe
Bertrand Bonello, cinéaste, co-président de la SRF
Bong Joon-ho, cinéaste (Corée du Sud)
Jérôme Bonnell, cinéaste
Sylvain Bourmeau, journaliste
Frédéric Boyer, écrivain, éditeur
Guillaume Brac, cinéaste
Geneviève Brisac, écrivain
Pascal Bruckner, philosophe et écrivain
Fanny Burdino, scénariste
Robin Campillo, cinéaste
Laurent Cantet, cinéaste
Leos Carax, cinéaste
Emmanuel Carrère, écrivain
Joël Chapron, spécialiste du cinéma russe
Chad Chenouga, acteur et réalisateur
Evan Clarry, cinéaste, Qld Chapter Head Australian Director's Guild (Australie)
Philippe Claudel, écrivain
François Cluzet, acteur
Clément Cogitore, cinéaste
Daniel Cohn-Bendit, homme politique
André Comte-Sponville, philosophe
Anne Consigny, comédienne
Antony Cordier, cinéaste
Catherine Corsini, cinéaste
Laurence Côte, comédienne
Cécile Coudriou, présidente d'Amnesty International France
François Croquette, ambassadeur pour les droits de l'Homme
Jean-Pierre Dardenne, cinéaste (Belgique)
Luc Dardenne, cinéaste (Belgique)
Marie Darrieussecq, écrivaine
Françoise Daucé, politiste
Émilie Deleuze, cinéaste
Christophe Deloire, journaliste, secrétaire général de Reporters Sans Frontières
Marianne Denicourt, comédienne
Marie Desplechin, écrivaine
Antoine Desrosières, cinéaste
Lav Diaz, cinéaste (Philippines)
Souleymane Bachir Diagne, philosophe (Sénégal)
Alice Diop, cinéaste
Mati Diop, cinéaste (France, Sénégal)
Samuel Doux, scénariste
Olivier Ducastel et Jacques Martineau, cinéastes
Atom Egoyan, cinéaste (Canada)
Michel Eltchaninoff, philosophe, fondateur des Nouveaux Dissidents
Carolin Emcke, écrivaine
Annie Ernaux, écrivaine
Amat Escalante, cinéaste (Mexique)
Abbas Fahdel, cinéaste (Irak)
Didier Fassin, anthropologue
Eric Fassin, sociologue, Université Paris 8
Philippe Faucon, cinéaste
Victor Fainberg, dissident soviétique (URSS, France)
Léa Fehner, cinéaste
Pascale Ferran, cinéaste
Jean-Marc Ferry, philosophe
Emmanuel Finkiel, cinéaste
Carole Fives, écrivain
Stéphane Foenkinos, cinéaste
Marina Foïs, comédienne
Camille Fontaine, cinéaste
Dan Franck, écrivain
Denis Freyd, producteur
Harald Fried, cinéaste (Autriche)
William Friedkin, cinéaste (États-Unis)
Jean-Michel Frodon, journaliste, enseignant
Nicole Garcia, comédienne, cinéaste
Louis Garrel, acteur et réalisateur
François Gedigier, chef monteur
Sylvain George, cinéaste
Thomas Gilou, cinéaste
Christophe Girard, adjoint à la Maire de Paris, en charge de la Culture
Arlette Girardot, réalisatrice documentaire
Amos Gitai, cinéaste (Israël)
Raphaël Glucksmann, essayiste
Agnès Godard, directrice de la photographie
Jean-Luc Godard, cinéaste
Fabienne Godet, cinéaste
Miguel Gomez, cinéaste (Portugal)
Yann Gonzalez, cinéaste
Thoniké Gordadzé, universitaire, ancien ministre pour l'intégration européenne de la République de Géorgie
Fiona Gordon, cinéaste (Canada, Australie, Belgique)
Alexandra Goujon, politiste
Romain Goupil, cinéaste
Anne-Marie Goussard, consul honoraire de Lituanie
Joana Hadjithomas, cinéaste (Liban)
Rachid Hami, cinéaste
Michel Hazanavicius, cinéaste
Lucile Hadzihalilovic, cinéaste
Benoît Hamon, homme politique
Jean Hatzfeld, journaliste
Anne Hidalgo, Maire de Paris
Christoph Hochhäusler, cinéaste (Allemagne)
Marie Holzman, sinologue
Axel Honneth, philosophe
Eva Illouz, philosophe
Irène Jacob, comédienne
Naïssam Jalal, flutiste et compositrice (Syrie, France)
Agnès Jaoui, actrice et réalisatrice
Thomas Jenkoe, réalisateur
Kamen Kalev, cinéaste (Bulgarie)
Aurélia Kalisky, chercheuse en littérature
Sam Karmann, acteur et réalisateur
Irena Karpa, écrivaine et chanteuse
Reda Kateb, comédien
Aki Kaurismaki, cinéaste (Finlande)
Benjamin Kedar, historien
Maylis de Kerangal, écrivain
Lodge Kerrigan, cinéaste (États-Unis)
Farhad Khosrokhavar, sociologue
Cédric Klapisch, cinéaste
Héléna Klotz, cinéaste
Nicolas Klotz, cinéaste
Patrick Klugman, adjoint à la Maire de Paris, en charge des relations Internationales
Jan Kounen, cinéaste
Gérard Krawczyk, cinéaste
Nathalie Kuperman, écrivaine
Geoffroy de Lagasnerie, philosophe
Marion Laine, cinéaste
Isabelle de La Patellière, agent artistique
Paul Laverty, scénariste et réalisateur (Grande Bretagne)
Mike Leigh, cinéaste (Grande Bretagne)
Pierre Lemaitre, écrivain
Serge Le Peron, cinéaste et enseignant
Diego Lerman, cinéaste (Argentine)
Sébastien Lifshitz, cinéaste
Pierre Linhart, scénariste
Jonathan Littell, écrivain
Jean-Louis Livi, producteur
Anne Loiret, comédienne
Édouard Louis, écrivain
Sergueï Loznitsa, cinéaste (Ukraine)
Gilles Marchand, cinéaste
Oleksandra Matviychuk, human rights defender (Ukraine)
Patricia Mazuy, cinéaste
Jiří Menzel, cinéaste (République Tchèque)
Agnès Merlet, cinéaste
Olivier Meyrou, cinéaste
Anne-Marie Miéville, cinéaste (Suisse)
Radu Mihaileanu, cinéaste, président de l'ARP
Jonathan Millet, cinéaste
Ariane Mnouchkine, Metteur en scène de théâtre, animatrice et fondatrice du Théâtre du Soleil
Avi Mograbi, cinéaste (Israël)
Ossama Mohammed, cinéaste (Syrie)
Dominik Moll, cinéaste
Sarah Moon, photographe
Eleonore Morel, directrice générale de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH)
Richard Moyon, co-fondateur du RESF
Aurore Mréjen, docteur en philosophie, chercheuse au LSCP
Cristian Mungiu, cinéaste (Roumanie)
Safy Nebbou, cinéaste
Orwa Nyrobia, cinéaste (Syrie), directeur artistique du Festival du Documentaire d'Amsterdam
Michel Ocelot, cinéaste
Rithy Panh, cinéaste (Cambodge, France)
Benoit Peeters, écrivain et scénariste
Elisabeth Perceval, cinéaste
Thierry de Peretti, cinéaste
Nicolas Philibert, cinéaste
Corneliu Porumboiu, cinéaste (Roumanie)
Mathieu Potte-Bonneville, philosophe
Olivier Pourriol, philosophe
Valérie Pozner, historienne
Martin Provost, cinéaste
Katell Quillévéré, cinéaste
Lynn Ramsay, cinéaste (Grande Bretagne)
Aude Léa Rapin, cinéaste
Jean-Paul Rappeneau, cinéaste
Carlos Reygadas, cinéaste (Mexique)
Jaime Rosales, cinéaste (Espagne)
Brigitte Rouan, actrice et réalisatrice
Maxime Rovère, philosophe
Christophe Ruggia, cinéaste, co-président de la SRF
Nicolas Saada, cinéaste
Ira Sachs, cinéaste (États-unis)
Malik Salemkour, Président de la Ligue des Droits de l’Homme
Walter Salles, cinéaste (Brésil)
Céline Sallette, comédienne
Pierre Salvadori, cinéaste
Jean-Marc Schick, mixeur
Pierre Schoeller, cinéaste
Carole Scotta, productrice
Claire Simon, cinéaste
Abderrahmane Sissako, cinéaste (Mauritanie)
Marie-Claude Slick, journaliste
Juan Solanas, cinéaste (Argentine)
Salomé Stevenin, actrice et réalisatrice
Bernard Stiegler, philosophe
Jan Svěrák, cinéaste (République tchèque)
Abdellah Taïa, écrivain et cinéaste (Maroc)
Bertrand Tavernier, cinéaste
Éric Toledano, cinéaste
Agnès Tricoire, déléguée générale de l'Observatoire de la Liberté de Création et avocate
Joachim Trier, cinéaste (Norvège)
Justine Triet, cinéaste
Michel Tubiana, Président d'honneur de la Ligue des Droits de l’Homme
Andrei Ujica, cinéaste (Roumanie)
Petr Vaclav, cinéaste (République tchèque, France)
Cécile Vaissié, slaviste et historienne
Jaco Van Dormael, cinéaste (Belgique)
Karin Viard, comédienne
Delphine de Vigan, écrivaine
Vanina Vignal, cinéaste
Anne Villacèque, cinéaste
Denis Villeneuve, cinéaste (Canada)
Marina Vlady, comédienne
Sophie Wahnich, historienne
Régis Wargnier, cinéaste
Apichatpong Weerasethakul, cinéaste (Thaïlande)
Wim Wenders, cinéaste (Allemagne)
Nicolas Werth, historien
Anne-Frédérique Widmann, réalisatrice documentaire (Suisse)
Frédérick Wiseman, cinéaste (États-Unis)
Francis Wolff, philosophe
Thierry Wolton, historien
Frédéric Worms, philosophe
Slavoj Zizek, philosophe (Slovénie)
AndreI Zvyagintsev, cinéaste (Russie)
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La liberté, la diversité et l’indépendance de la création, contre l’érosion de la valeur et la dégradation de l’exposition des oeuvres exigent une régulation adaptée et modernisée.
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La liberté, la diversité et l’indépendance de la création, contre l’érosion de la valeur et la dégradation de l’exposition des oeuvres exigent une régulation adaptée et modernisée.
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- Chaînes de télévision
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Au nom de la liberté artistique et de la liberté d’expression, nous appelons à nouveau à la libération immédiate d’Oleg Sentsov.
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Au nom de la liberté artistique et de la liberté d’expression, nous appelons à nouveau à la libération immédiate d’Oleg Sentsov.
Artisans de l’image et de l’imaginaire, les cinéastes nous émeuvent et nous émerveillent, capturent notre époque et nous captivent. Par leurs œuvres, ils partagent leurs regards et éveillent les nôtres. Ils font entendre leurs voix – des voix parfois dissidentes : partout dans le monde, elles constituent des contre-pouvoirs essentiels, construisent de nouvelles pensées. La diversité d’opinions, les débats, désaccords et discussions qu’alimentent les artistes sont une chance pour la démocratie, pour la liberté, pour le progrès.
Parce que l’art ne connaît pas de frontières, parce que l’art est universel, les droits de ceux qui le font vivre devraient l’être également. La liberté d’expression et la liberté de création ne sauraient s’arrêter là où commence la dissidence.
Pourtant, aujourd’hui, un cinéaste se meurt parce qu'il est dissident. Menacé à cause de ses idées, comme Vassili Grossman, Soljenitsyne et bien d'autres sous le régime communiste.
Oleg Sentsov est détenu en Russie depuis plus de quatre ans. Sa condamnation à vingt ans de réclusion par un tribunal militaire russe, au terme d’un procès qui n’a manifestement pas respecté les droits de la défense, est une violation du droit international et des normes fondamentales de la justice. Son seul « tort » réel ne serait-il pas d’avoir manifesté sa liberté d’expression ? Son seul « crime » ne serait-il pas de pouvoir exprimer son engagement politique à travers son art ?
Enfermé au nord de la Sibérie dans des conditions effroyables et inhumaines, il aurait perdu près de 30 kg depuis le début de sa grève de la faim, il y a maintenant près de trois mois. Alors que son état de santé semble se dégrader dangereusement de jour en jour, il faut agir. Et il faut agir vite.
Ne pas agir, ce serait laisser Oleg Sentsov mourir. Ce serait renoncer à nos valeurs et à nos principes, renoncer à ce que nous défendons et à ce que nous sommes. Ce serait tolérer qu’on peut être tué pour ses idées, ses opinions, ses prises de position. Le traitement dont il est l’objet est une atteinte à la liberté de pensée et à la liberté de création.
Nous ne pouvons l’accepter.
Il devient urgent et nécessaire pour la Russie de trouver une solution non seulement humanitaire mais aussi politique à cette situation. Non seulement la France - le Président Emmanuel Macron a émis plusieurs propositions auxquelles le Président Poutine s’est engagé à répondre - mais l'ensemble de la communauté internationale, de l'Union européenne à l'ONU, doit se mobiliser pour Oleg Sentsov et pour obtenir des réponses.
Les artistes du monde entier savent pertinemment que le Président Russe a le pouvoir d’arrêter cette tragédie humaine et démocratique.
Partout dans le monde ; dans le monde du cinéma, de la culture mais bien au-delà, une mobilisation internationale doit se faire entendre pour défendre ce cinéaste.
Au nom de la liberté artistique et de la liberté d’expression, nous appelons à nouveau à la libération immédiate d’Oleg Sentsov.
La Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (La SACD)
La Société civile des Auteurs Multimédia (La SCAM)
La Société civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs (l'ARP)
La Société des Réalisateurs de Films (La SRF)
L'Association des Réalisateurs et Réalisatrices Francophones (l'ARRF - Belgique)
Le Théâtre du Soleil
Premiers signataires / First signatories :
Dominique Abel (Belgique), Marie Amachoukeli (France), Jean-Pierre Améris (France), Antonin Arnold (Haïti), Yvan Attal (France), Jacques Audiard (France), Christophe Barratier (France), Nicolas Bary (France), Lucas Belvaux (Belgique), Julie Bertuccelli (France), Bertrand Bonello (France), Gilles Bourdos (France), Guillaume Brac (France), Patrick Braoudé (France), Claire Burger (France), André Buytaers (Belgique), Dominique Cabrera (France), Thomas Cailley (France), Laurent Cantet (France), Christian Carion (France), Camille de Casablanca (France), Olivier Casas (France), Chad Chenouga (France), Laurent Chevallier (France), Malik Chibane (France), Jean-Paul Civeyrac (France), Clément Cogitore (France), Jean-Louis Comolli (France), Anthony Cordier (France), Catherine Corsini (France), David Cronenberg (USA), Emmanuelle Cuau (France), Jean-Pierre Dardenne (Belgique), Émilie Deleuze (France), Dante Desarthe (France), Antoine Desrosières (France), Alice Diop (France), Evelyne Dress (France), Amat Escalante (Mexique), Joël Farges (France), Philippe Faucon (France), Léa Fehner (France), Emmanuel Finkiel (France), Dan Franck (France), Costa Gavras (France), Dyana Gaye (France/Sénégal),Thomas Gilou (France), Delphine Gleize (France), Jean-Luc Godard (France/Suisse), Fabienne Godet (France), Miguel Gomes (Portugal), Yann Gonzalez (France), Fiona Gordon (Canada), Romain Goupil (France), Emmanuel Gras (France), Lucas Guadagnino (Italie), Robert Guédiguian (France), Joana Hadjithomas (Liban), Rachid Hami (France), Mia Hansen-Love (France), Michel Hazanavicius (France), Christoph Hochhäusler (Allemagne), Christophe Honoré (France), Agnès Jaoui (France), Thomas Jenkoe (France), Pierre Jolivet (France), Sam Karmann (France), Vergine Keaton (France), Lodge Kerrigan (USA), Cédric Klapisch (France), Héléna Klotz (France), Jan Kounen (France), Gérard Krawczyk (France), Pierre Lacan (France), Alexandre Lança (France), Eric Lartigau (France), Sébastien Laudenbach (France), Michel Leclerc (France), Louis-Do de Lencquesaing (France), Sébastien Lifshitz (France), Ken Loach (Angleterre), Jean Marboeuf (France), Nathalie Marchak (France), Tonie Marshall (France), Patricia Mazuy (France), Agnès Merlet (France), Anne-Marie Miéville (Suisse), Radu Mihaileanu (France/Roumanie), Jonathan Millet (France), Nadir Moknèche (France/Algérie), Ariane Mnouchkine (France), Dominique Moll (France), Cristian Mungiu (Roumanie), olivier Nakache (France), Safy Nebbou (France), Françoise Nyssen (France), Rithy Panh (Cambodge), Héloïse Pelloquet (France), Antonin Peretjatko (France), Thierry de Peretti (France), Christian Philibert (France), Nicolas Philibert (France), Corneliu Porumboïu (Roumanie), martin Provost (France), Katell Quillévéré (France), Lola Quivoron (France), Brigitte Rouan (France), Jaime Rosales (Espagne), Christophe Ruggia (France), Nicolas Saada (France), Mahamat Saleh Haroun (Tchad), Jean-Paul Salomé (France), Pierre Salvadori (France), Riad Sattouf (France), Pierre Schoeller (France), Céline Sciamma (France), Abderrahmane Sissako (Mauritanie), Bertrand Tavernier (France), Joachim Trier (Norvège), Justine Triet (France), Margarethe von Trotta (Allemagne), Fernando Trueba (Espagne), Jaco Van Dormael (Belgique), Régis Wargnier (France), Frédérick Wiseman (USA), Rebecca Zlotowski (France)...
Tribune parue dans Le Monde du 12 août 2018
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