Nuri Bilge Ceylan

"Des phares de voitures trouent le rideau noir de la nuit dans une plaine immense que l’on devine à peine. Un procureur, un médecin, des policiers et l’homme qui a commis un crime recherchent dans cette obscurité magique et oppressante le corps de sa victime. Des conversations s’engagent, fragmentés, dans un temps qui se dilate. 

Nuri Bilge Ceylan poursuit un chemin qui, des plaines anatoliennes au vacarme étourdissant d’Istanbul, trace un chemin singulier. Au cœur de l’œuvre de ce grand cinéaste, l’homme et la femme, dans des déchirements où la parole est elliptique. Ce qui est dit laissant deviner en creux ce qui est tu. Souvent, il prête au film son visage et celui de sa femme et coscénariste Ebru Ceylan.

Le couple et ses tourments, les figures du père et du fils, entremêlent dans le même mouvement les chemins secrets de la psychè des personnages et la splendeur des paysages sous la neige, les villages et les plaines de l’Anatolie de son enfance, la puissance de la grande ville et celle des mers et détroits du Bosphore. De "Kasaba" à "Uzak", des "Nuages de Mai" aux "Climats", de "Les trois singes" à "Il était une fois en Anatolie".

Cette année, nous avons choisi de remettre le Carrosse d’Or à Nuri Bilge Ceylan. "

Michel Andrieu, réalisateur de la SRF